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The Saxophones : « Une bonne façon d’écouter nos chansons c’est en conduisant »
On vous parlait dernièrement du duo de The Saxophones formé d’Alexi Erenkov et de sa compagne Alison Alderdice, tout droit venus d’Oakland en Californie. Et nous étions tombés sous le charme de leurs morceaux d’inspiration exotica, où les bois et les percussions filent le parfait amour, à l’image du titre « Mysteries Revealed ». Un régal que de se laisser voguer au gré des mélodies voluptueuses de « Picture », « Aloha » ou encore « Time Is Like A River », qui nous feraient presque croire que nous sommes de retour dans les années 50. Écrit sur un bateau durant un hiver maussade, le premier album des Américains, Songs Of The Saxophones, nous crie pourtant l’été de toutes ses plus douces notes. Et puisque l’album sort le 1er juin (via Full Time Hobby/Pias), c’était l’occasion pour nous de poser quelques questions à la voix du groupe, Alexi Erenkov. Aussi sincère et subtil que ses chansons, il nous a répondu sans détour. Entretien.
Votre premier album Songs Of The Saxophones a diverses influences. L’influence exotica est très présente et cela rend votre album très différent de ce que l’on peut entendre aujourd’hui. Il y a un véritable mélange de musique « oldschool », vintage et de musique plus contemporaine et tout cela se marie très bien ensemble. D’où tenez-vous cette influence exotica ?Alexi Erenkov : Je suis content que vous trouviez que les éléments d’exotica fonctionnent dans notre musique. Quand Alison et moi vivions à New York, nous sommes tombés sur un groupe qui s’appelle The Ryan Scott Trio. Ils avaient une résidence au Splitty’s, un bar. Sans exagérer, ils jouaient pendant 3 heures et j’aimais chacune de leur chanson. J’étais à chaque fois déçu de les voir terminer leur set. Dans leur répertoire il y avait beaucoup de titres de surf. Ils jouaient également des sons d’inspiration exotique comme Santo and Johnny’s « Sleep Walk ». Ils avaient aussi toute une série de titres plus jazz. Un des trucs qui faisait que leur groupe se démarquait vraiment était ( à part la maîtrise de Ryan à la guitare) le batteur, Robin MacMillan. Il utilisait plein de cloches, des sifflets et parfois ça ajoutait vraiment beaucoup à la chanson. Alison a fini par prendre quelques leçons de batterie avec lui et il lui a apporté cette influence exotica dans sa façon de jouer. Je n’avais jamais vraiment pensé à l’exotica jusqu’à ce moment-là. C’est en réalité très facile de passer à côté en tant qu’élément qui apporte un plus à la musique, mais d’un point de vue de la production, il y a de quoi s’amuser.
Il y a une grande douceur et de calme qui émanent de votre album. Êtes-vous des personnes plutôt calmes dans la vie ?A. E. : Je ne crois pas. Je parle beaucoup! Je ne suis pas calme. Parfois je le suis mais je fais souvent semblant parce que je suis anxieux et je ne veux pas que les personnes le sachent. Alison, par contre, est plus ouvertement anxieuse.
Vous avez écrit la majeure partie de l’album à bord d’un bateau sur lequel vous viviez, lors d’un hiver maussade, pluvieux. Le résultat, c’est un album duquel se dégage un sentiment d’apaisement mélangé à de la mélancolie, des titres introspectifs même. Pensez-vous que cet album aurait été différent si vous l’aviez écrit en été, par des chaudes soirées ?A. E. : Je ne pense pas qu’il aurait été complètement différent mais en effet, je pense que le bateau a joué un grand rôle dans ma façon d’écrire et qu’il m’a beaucoup aidé à me concentrer sur l’album. C’est difficile pour moi de me concentrer sur les choses à faire car je suis facilement distrait. Le bateau m’a aidé à avoir les idées claires. Je pense qu’une soirée d’été aurait été trop plaisante et j’aurais été trop distrait.
Tous vos morceaux nous inspirent calme et volupté : « Arrêtez tout ce que vous faites et contemplez ! ». On pourrait s’imaginer danser des slows sur vos chansons, durant les dernières lueurs d’une chaude journée d’été. Selon vous, quel serait le meilleur moment pour écouter et apprécier vos chansons ?A. E. : Ça fait du bien t’entendre ça. Merci! Je pense qu’en conduisant c’est une bonne façon d’écouter nos chansons. Je suis toujours flatté lorsqu’on me dit que nous sommes la playlist d’une virée en voiture. Je sais qu’on est supposé être concentré sur la route mais j’adore écouter de la musique en voiture.
On aime beaucoup vos morceaux. « Mysteries Revealed » est une chanson géniale que nous écoutons en boucle. Ça ferait une super musique de film. Quel bande originale de film auriez-vous aimé composer ?A. E. : Oh, mon dieu je ne sais pas! Peut-être Saturday Night Fever.
Quel serait le plus beau compliment qu’une personne puisse vous faire à propos de vos chansons?A. E. : Qu’elle ait ressenti quelque chose en les écoutant.
Vous êtes un groupe mais également un couple à la ville. Comment gérez-vous le fait d’être ensemble 24h sur 24 ? Est-ce toujours un avantage de travailler avec sa femme/son mari ?A. E. : La plupart du temps oui, c’est un avantage. On aime passer le plus clair de notre temps ensemble, donc ce n’est pas un problème. Je suis sûr que pour la majorité des gens, travailler avec son partenaire serait un avantage. Et comme Alison est psychologue, elle m’a appris à communiquer.
Et de retour chez vous le soir après une journée de travail, d’autres discussions que la musique ?A. E. : Oui. Bizarrement, on ne parle pas de musique si souvent que ça. Nos goûts divergent un peu. Je pense qu’on passe plus de temps à parler de notre relation et de ce qui fait que les personnes se comportent de telle ou telle manière. Je passe aussi beaucoup de temps à parler de l’avenir. La psychologie et la sociologie tendent à être nos principaux sujets de conversation.
Dites-nous en plus sur ce que vous écoutez en ce moment. Votre top 3 du moment ?A. E. : Nous venons d’avoir un bébé, un garçon. J’ai entendu « Beautiful Boy » de John Lennon pour la première fois le week-end juste avant d’aller à l’hôpital. C’est en boucle dans ma tête depuis. Autrement, il y a « That Summer Feeling » de Jonathan Richman, c’est mon hymne de l’été de cette année. J’adore comme cette chanson me fait ressentir cet esprit d’été. Et puis enfin, j’écoute beaucoup l’album Spanish Harlem de Ben E. King.
Avec quel artiste ou groupe rêveriez-vous de collaborer ? A. E. : Je pense que ce serait intéressant de travailler avec quelqu’un comme Adrian Younge qui produit plus du son hip hop et soul. Quelque chose qui mènerait notre travail dans une direction complètement différente tout en gardant ce côté émotionnel.
Notre média s’appelle THE APOLOGIST. Si vous deviez choisir quelqu’un (célèbre ou non) et faire son apologie, qui serait-ce et pourquoi ?A. E. : Ma femme obligatoirement. C’est une mère exceptionnelle. Je n’ai jamais vu une pareille chose et ma gratitude envers elle me donne les larmes aux yeux.
Merci beaucoup pour votre temps, félicitations encore pour votre album et à très bientôt.A. E. : Merci pour les super questions. Je me réjouis de vous rencontrer!