Ted Lasso, ce coach furieusement sympathique

Depuis le 14 août, Ted Lasso est visible sur Apple TV+. Série qui plaît pas sa bonhomie et son optimisme sans faille, malgré la défaite. Jason Sudeikis reprend un personnage imaginé pour la NBC, une sorte de coach qui n’a pas la moindre connaissance du monde du ballon rond.

Ted Lasso pourrait rappeler le film Les Indians sorti en 1989. Un petit clin d’oeil, certes, mais Ted Lasso est singulièrement différent. Cette fois-ci, il n’est pas question d’embaucher des « pives » pour perdre le championnat, mais bien d’engager un entraîneur inculte. Voilà l’idée d’une propriétaire décidée à faire couler le club de football de son fourbe d’ex-mari, pour se venger de ses tromperies à gogo. C’est là que Ted Lasso (Jason Sudeikis) entre en piste, entraîneur de football… américain. Sans la moindre connaissance ou expérience du football, et encore moins de la Premier League – la première division anglaise -, le coach débarqué du Kansas démarre son apprentissage du football, le vrai, celui avec les pieds.

Se moquant de la frontière entre les 2 genres de football, Brendan Hunt, Joe Kelly, Bill Lawrence et Jason Sudeikis s’amusent à (re)construire un personnage attachant, le genre de papa attentionné, qui se décide d’organiser une « réu-biscuits » pour resserrer les liens avec sa boss. La moustache bien coupée, les lunettes vissées sur le tarin et le sourire jusqu’aux oreilles, le nouvel entraîneur de Richmond AFC – club fictif – est loin de faire l’unanimité auprès des journalistes et des supporters.

Le Saturday Night Live en figure de proue

Et comme la série mockumentary Documentary Now, Ted Lasso a bien calculé son coup. Les trublions du célèbre Saturday Night Live – Sudeikis pour Lasso et Bill Hader pour Documentary Now – continuent à nous décocher rires et sourires. Meilleur que son parcours en championnat, l’entraîneur entame une longue aventure pour se faire respecter par ses joueurs, puis par les supporters. L’excentricité et l’optimisme pour armes, Ted ne se désunit jamais, se bat avec son légendaire sourire. Les arcanes du football ? Très peu pour Lasso. Non, c’est sa positivité implacable qui explore les fondements même de son discours : unir les forces en présence, même dans la défaite. Les discours dans le vestiaire, la valeur cardinale pour coach Lasso et son assistant coach Beard, à la parole aussi furtive qu’une frappe de Cristiano Ronaldo.

Derrière l’optimisme du coach, il y a l’éternelle triste facette. Lasso prend le large pour laisser un peu d’air à sa femme, restée dans le Kansas. Tiraillé entre 2 femmes – son épouse et sa patronne -, Ted garde son sens aigu du positivisme, essaie de combattre un alliage d’aigreur et de cynisme, pour l’exorciser avec la bonhomie d’un gars du Midwest. Et ce bon déroulement est lié à la performance tout en légèreté de Jason Sudeikis, boussole d’une série inégale, mais assez séduisante pour garder le sourire en coin et le regard fixe sur l’écran.

La gestion des égos dans le vestiaire – l’un reste accroché à sa gloire passée, Roy Kent joué par un bon Brett Goldstein, le second a un pied droit béni des dieux mais préfère s’afficher sur les réseaux sociaux plutôt que de travailler la cohésion de groupe, Jamie Tartt interprété par Phil Dunster -, mais aussi hors du terrain ; les journalistes, les copines mannequins des joueurs et une tordante Juno Temple en prime. Un tout qui construit une bataille d’égos que Ted Lasso s’amuse à déconstruire et reconstruire de manière harmonieuse.

Casting : Jason Sudeikis, Brendan Hunt, Phil Dunster, Brett Goldstein, Juno Temple, Rebecca Waddingham

Fiche technique : Créée par : Bill Lawrence, Jason Sudeikis, Brendan Hunt, Joe Kelly / Date de sortie : 14 août 2020 / Format : 10 épisodes – 30 min / Plateforme : Apple TV+