2 séries qui ont de la gueule, des productions aussi différentes que séduisantes. Place à une série polonaise et une série britannique ; un « Peaky Blinders » à la sauce mafia juive et un « Cold Case » avec Luke Evans en figure de proue.
The King (Canal+)
La Pologne fait également de bonnes séries. Avec « The King », l’immersion est musclée dans une ville de Varsovie de 1937, où le fascisme planait telle une ombre sur l’Europe. Un gang juif dirigé par un polonais, Jan « Kum » Kaplica (Arkadiusz Jakubik), fait régner violence et autorité. Szapiro, son bras droit, boxeur et héros de guerre, désireux de ranger ses gants. Kaplica fait miroiter des rêves de succession à Jakub Szapiro (Michal Zurawski). Pris en tenaille entre l’envie de devenir le roi de Varsovie et sa loyauté, Szapiro va tremper dans une conspiration politique tout au sommet du gouvernement. Une lutte, cette fois-ci hors des rings, dans les rues d’une ville prête à s’embraser.
Et « The King » perpétue une forme de tradition d’abord actée par « Boardwalk Empire » et rendue populaire par « Peaky Blinders ». Mais cette création signée Lukasz M. Maciejewski possède bien son propre ADN. On pourrait penser au traitement glacial et sec de Lazslo Nemes (« Sunset » comme exemple) pour calquer cette montée de l’antisémitisme et l’inexorable arrivée de la Seconde guerre mondiale. Voire même un traitement semblable à « Babylon Berlin », autre excellente série diffusée sur Canal+.
Adaptée du bouquin de Szczepan Twardoch paru en 2016, « The King » amène une minutie au scénario, une densité sociale et ethnique, le tout emballé dans une guerre entre gangsters de l’époque. L’élégance de la bande à Tommy Shelby trouve écho avec la bande à Kaplica, dans la bouillante marmite de la pègre polonaise. Il n’est pas uniquement question de lutte de pouvoir, mais d’une ville pulsant la pauvreté de la classe ouvrière – les Juifs face aux pauvres chrétiens. Le ring s’étend et la série nous sert une atmosphère brumeuse et incertaine. L’âpreté du combat pour essence gracieuse et vicieuse.
The Pembroke Murders (Canal+)
Une série aux accents de « Cold Case » pour le talentueux Luke Evans. Dans le costume du commissaire Steve Wilkins, il décide de rouvrir deux affaires de meurtres non-résolus dans les années 80. À grand renfort de nouvelles technologies, Wilkins relie les deux homicides qui pourraient déborder sur un tueur en série en puissance. Le gros lot pour Wilkins.

Basée sur l’affaire (réelle) de Peter et Gwenda Dixon, un couple abattu à Pembrokeshire en 1989, « The Pembroke Murders » n’est pas une chasse à l’homme à proprement parler, mais bien une construction scabreuse et méticuleuse pour confondre le suspect, John Cooper (Keith Allen). Et s’il n’est jamais bon de ressasser le passé, l’histoire donne raison à notre commissaire qui s’apprête à sortir les cadavres du caniveau. La justice sera faite dans ce drame soigné, parfaitement exécuté, remontant les événements telle une grande parabole ancrée dans le passé.
Luke Evans est excellent, frappé par la solitude, devenant la plus-value du show, lui, obsédé à l’idée de coincer Cooper. Surtout, comment vont-ils faire ? Le moindre détail est une aubaine. « The Pembroke Murders », n’est pas une enquête, mais bien un récit qui panse les plaies anciennes pour enfin faire la lumière sur la vérité. Très bonne série !