Deux jeunes s’en vont, au petit matin, à la recherche du calme et des vagues, pour surfer. Après un morceau de Girlpool, le bruit des vagues nous berce, l’eau nous ensevelit avant que une violente réalité nous réveille brusquement, comme si le rêve virait au cauchemar.
Le réveil est douloureux. L’un des jeunes, Simon (Gabin Verdet) est plongé dans un profond coma après un accident de la route avec deux de ses amis. En état de mort cérébrale, maintenu par des machines, le garçon est un « légume ». Des parents confrontés à une douleur insoutenable et difficile à digérer, mais les organes vitaux de Simon sont viables et Thomas Remige (Tahar Rahim) est obligé de poser la question à Marianne (Emmanuelle Seigner) et Vincent (Kool Shen), les parents de Simon. Une requête délicate mais vite acceptée.
Le coeur d’un ado pour une mère de famille
Non loin de là, Claire (Anne Dorval) souffre d’une maladie du coeur et attend un donneur. C’est elle qui héritera du coeur de Simon. Une mère de deux enfants qui semble résignée, là, au milieu de Maxime (Finnegan Oldfield), très soucieux et à fleur de peau, et Sam (Théo Cholbi) qui reste plus détaché de la situation par rapport à son frère. Le portrait d’une seconde famille

confronté à la mort, confronté à l’appréhension de la mort. Un exercice que Katell Quillévré réalisera avec beaucoup de délicatesse et de maîtrise.
Réparer les vivants nous emmène dans le parcours du don d’organe. De l’acceptation à la mise en action, le travail est long, triste et beau à la fois. En adaptant l’oeuvre de Maylis De Kerangal, Katell Quillévéré poursuit cette quête de la « renaissance », celle qui touche au sublime par instants. Sans fioritures, en misant sur la sobriété et sur une excellente qualité visuelle, la réalisatrice de 36 ans parvient à capter ce moment qui affecte des parents, des familles esseulées devant la lourde épreuve de voir un des siens s’en aller.
Bouleversant, du casting à la bande-son d’Alexandre Desplat
Fresque pleine de justesse, Réparer des vivants est un récit porté par un casting aux nombreux personnages, dont les performances de Tahar Rahim – remarquable -, Kool Shen, Emmanuelle Seigner, Finnegan Oldfield ou Anne Dorval donnent un véritable relief, une âme à l’histoire. En témoigne cette magnifique scène où Thomas Remige parle une dernière fois à Simon pour lui passer un dernier message venant de ses proches. Une séquence délicate qui transmet cette dimension humaine et existentielle.
Nous nous laissons absorber par le sujet abordé, nous nous laissons gagner par une profonde tristesse plus le film avance. Ce qui est singulier, c’est cette balance entre la vie et la mort, la beauté d’une transplantation et le vide laissé par la mort. On regrettera une fin peut-être un peu légère, mais Quillévéré délivre un film fort et poignant, comme il en existe peu cette année.
Casting : Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval, Bouli Lanners, Kool Shen, Monia Chokri, Alice Taglioni, Karim Leklou, Finnegan Oldfield, Théo Cherbi
Fiche technique : Réalisation : Katell Quillévéré / Date de sortie : 2 novembre 2016 / Durée : 1h43min / Pays : France / Scénario : Katell Quilévéré, Gilles Taurand, Maylis De Kerangal / Musique : Alexandre Desplat / Photographie : Tom Harari / Distribution suisse : Agora Films