Quibi, la petite dernière des plateformes de streaming, saura-t-elle séduire ?

Elle n’a vu le jour qu’en 2018 à Los Angeles et pourtant, elle fait déjà couler beaucoup d’encre et… de dollars. La dernière née des plateformes de streaming entend bien faire sa place parmi les mastodontes du secteur, Netflix en tête de gondole. Son slogan : « Quick bites. Big stories », 4 mots qui résument à eux seuls la vision de la firme californienne.

Ce ne sont pas des nouveaux venus, eux. Ce sont même plutôt des aguerris en affaires. Les fondateurs de Quibi ont de la bouteille et c’est peut-être bien pour ça qu’il leur a été plutôt facile de trouver des investisseurs motivés. 1,75 milliards de dollars, c’est la coquette somme que Meg Whitman et Jeffrey Katzenberg ont récolté pour le lancement de leur start-up. La première n’est autre que l’ancienne présidente et CEO d’eBay, nommée « première femme d’affaires au monde » en 2004 par le magazine Fortune. Le second, l’ancien président de Walt Disney Pictures, co-fondateur des studios Dreamworks avec un certain Steven Spielberg. Des bases solides qui ont apparement rassuré le porte-monnaie des investisseurs tels que WarnerMedia, ViacomCBS, Alibaba Group ou encore The Walt Disney Company et Sony Pictures.

Révolutionnaire Quibi ?

Mais parmi l’embouteillage de plateformes de streaming, entre les Netflix, Amazon Prime, Youtube Premium, Facebook Watch et autres Hulu, Disney+ ou Apple TV+, est-ce un pari encore rentable de miser sur un énième service du genre ? Oui, selon les co-fondateurs de Quibi. Un nom né de la fusion des deux mots « quick bites » – comprenez littéralement « bouchées rapides » – , Quibi entend révolutionner le monde du streaming classique et ce, de diverses façons, à commencer par le médium : à mi-chemin entre des plateformes vidéo telles que Youtube, Twitch ou Tik Tok, applications ultra populaires chez un jeune public, et des services de streaming comme Netflix, Amazon ou Apple TV+, Quibi vise une audience qui consomme vite et surtout, sur appareils mobiles. En effet, la nouvelle application est dévolue aux smartphones, véritables petites télévisions sur pattes, bien trop sous-exploitées selon Meg Whitman.

Révolutionnaire également car au lieu de proposer des contenus longs formats comme des films ou des séries aux épisodes dépassant allègrement les 60 minutes, la start-up américaine ne proposera que des contenus « vite avalés », autrement dit, des épisodes de 10 minutes maximum. Des formats courts spécialement étudiés pour ces moments d’entre-deux comme le précise Meg Whitman : « Lorsque vous êtes dans la salle d’attente de votre médecin, quand vous vous rendez au travail ou que vous attendez vos enfants à la sortie de l’école, vous avez ces moments de battement. » Et la co-fondatrice de rajouter : « Nous proposons le meilleur contenu que Hollywood a à offrir, dans un environnement complètement différent. » Vous l’aurez compris, Quibi se positionne en tant que service de streaming fait pour être consommé en chemin, sur son smartphone, entre deux rendez-vous chez le dentiste et gynéco, dans le train en rentrant du boulot, juste avant sa séance de yoga. Et les fondateurs croient dur comme fer en leur concept, arguant que le format qu’ils proposent ne ressemble à aucun autre : « Il n’y a aucun autre service tel que le nôtre. La plupart des plateformes sont étudiées pour être regardées dans son salon, probablement en soirée ou durant le week-end. Notre plateforme est conçue pour être regardée la journée, en route. »

Enfin, révolutionnaire technologiquement car tous les contenus Quibi seront filmés à l’aide de 2 caméras, permettant aux utilisateurs de regarder du contenu en position horizontale, comme il est coutume de faire, ou en position verticale, et ce, sans que le programme en cours ne soit perturbé par la manipulation. Véritable avancée technologique ou gadget marketing ? L’avenir nous le dira. En attendant, les dirigeants de la start-up voient grand. La société était présente au dernier Festival de Sundance à Park City, temple du film indépendant, une des communautés les plus uniques et précieuses du cinéma indépendant selon Katzenberg, pour qui l’objectif est simple : « Nous avons besoin des meilleurs provenant des 4 coins du monde pour créer du contenu. » Et d’ajouter : « Nous vivons un âge d’or pour les scénaristes, les réalisateurs et les créateurs. » Il est vrai que la multiplication des plateformes de visionnage de films, séries et autres documentaires offre un boulevard pour ces « faiseurs d’histoires ».

Dans moins de 5 jours, la plateforme sera lancée au prix de 4,99 dollars mensuels avec publicité, et 7,99 dollars mensuels sans publicité. Parmi les quelques 50 contenus originaux prévus dès le lancement – 175 au total sont annoncés dès la première année -, 2 programmes, ou « Movies in chapters » selon Quibi, tiennent le haut de l’affiche : l’un emmené par Liam Hemsworth, l’autre par Sophie Turner. L’objectif de la start-up semble assez limpide : appâter une jeune audience grâce à des acteurs et actrices populaires à la ville comme à l’écran. On ne saurait ignorer les déboires sentimentaux de Hemsworth et son divorce tumultueux d’avec sa désormais ex-femme Miley Cyrus. On ne saurait ignorer non plus la vie passionnante de Sophie Turner, de son défunt chien et de son mari, la pop star Joe Jonas. Tout ça, c’est bien pour les affaires de Quibi. Ultra médiatisées, ces jeunes stars devraient assurer un lancement réussi de la firme californienne prévu le 6 avril. En attendant de voir si la start-up relèvera le défi ambitieux qu’elle s’est lancé, zoom sur 2 de ses contenus phares :

Survive : Sophie Turner en survivante

Sophie Turner troque sa robe de Sansa Stark et revient à notre époque. Survive raconte l’ironie de la vie ou comment une jeune femme suicidaire va devoir se battre pour survivre.

La série est adaptée du roman éponyme d’Alex Morel et raconte l’histoire de Jane (Sophie Turner), une jeune femme fraîchement sortie d’un centre spécialisé dans le traitement de troubles mentaux et addictions. Décidée à en finir avec sa vie, elle monte dans un avion et compte se suicider en plein vol. Mais voilà, alors qu’elle est aux toilettes et sur le point de commettre l’irréparable, l’avion est en proie à de fortes turbulences et finit par se crasher en pleine montagne. Le bilan est lourd et il n’y a que deux survivants : Jane et un passager du nom de Paul (Corey Hawkins). Ensemble, ils vont devoir affronter des conditions extrêmes et se battre pour leur survie.

Most Dangerous Game : Liam Hemsworth traqué

Pour mettre sa femme enceinte à l’abri du besoin, Dodge Maynard (Liam Hemsworth), un homme qui vient tout juste d’apprendre qu’il souffre d’une maladie incurable, accepte une offre afin de participer à un jeu initié par une société gérée par Miles Sellers (Christopher Waltz). Il découvre bientôt qu’il n’est pas le chasseur mais la proie. Le concept du jeu est simple : il doit échapper à des assassins qui ont 24 heures pour le supprimer. Chaque heure de survie permet à Maynard de gagner 1 million de dollars, directement versé sur le compte de son épouse.

La série développée par Nick Santora, scénariste des Sopranos ou encore Prison Break, proposera 8 épisodes et sera visible, tout comme Survive, dès le lancement de Quibi, le 6 avril prochain.