Nouvelle série adaptée de l’univers DC, Pennyworth nous renvoie à la jeunesse d’Alfred, le légendaire majordome de Batman. Sortie en juillet dernier, vous l’avez peut-être ratée. Session rattrapage.
Nouvelle extension, nouvel univers au milieu de ce marasme télévisuel, de ce Peak TV infernal. Epix mise sur un personnage central des aventures de Batman pour lui confectionner une histoire – son histoire. Un retour à ses origines, à la manière d’un Joker. Qui est véritablement Alfred Pennyworth ? D’où vient-il ? Bruno Heller (Rome, The Mentalist, Gotham) propose une vision imaginaire, celle d’une ville de Londres post-Seconde Guerre mondiale, dont en est sorti écorché vif le futur majordome de la famille Wayne. Transposée dans une Angleterre industrielle, Pennyworth (la série) est enlisée dans une sorte de révolution sociale, où des sociétés secrètes s’affrontent : les « No-Names » et les « Ravens ».
Thomas Wayne engage son agent de sécurité : Alfred Pennyworth
C’est au détour d’un bar, d’un genre de cabaret qu’Alfie rencontre Thomas Wayne. Une proposition, une carte échangée, un nom, un service, les deux hommes commencent à collaborer : l’un est un inspecteur financier (Wayne) et l’autre, ancien soldat des troupes d’élite, va assurer sa sécurité (Alfred). Des missions risquées que l’ex-soldat accomplit avec 2 de ses gars : Daveboy (Ryan Fletcher) et Bazza (Hainsley Lloyd Bennett). 2 anciens soldats également dans le même régiment qu’Alfie.

Si l’entame est un peu patraque, dévoilant timidement les ficelles d’un scénario de facture classique, la suite de la série est plaisante, plus musclée, plus hallucinée, parfois imprévisible. Divertissante dans ses épisodes 2 et 3, l’histoire se détache quelque peu d’Alfred pour cadrer l’intrigue sur d’autres personnages. Les failles de Daveboy ou les aventures étranges de Bet Sykes (Paloma Faith), personnage sadique et acerbe, dans un style sinistre et destructeur, Pennyworth propose une aventure solide et dense. Sans oublier Martha Kane (Emma Paetz), autre personnage digne d’intérêt prenant de l’ampleur d’épisode en épisode, partenaire de Thomas Wayne (Ben Aldridge). Une belle galerie de portraits.
6ème épisode de haute volée
Heller étend son récit et l’habille de nombreux personnages, tous plus violents et calculateurs les uns que les autres, les baignant dans une ambiance presque gothique, froide à souhait – l’esthétique est sublime. Un contexte très « James Bondien » qui devient moins présent à partir d’un épisode 6 – peut-être le meilleur de la saison – hors du temps, coupé de la série elle-même. Sorte de point de rupture et déconnecté de la réalité, l’épisode mène Pennyworth (la série) vers une nouvelle dimension, ramenant fantômes du passé et convoquant les affres de l’amour, les entrailles obscures et spirituelles du deuil – Satan n’est pas loin.
Surprenant dans son rythme, dans les thèmes qu’il aborde, le script s’essaie à une originalité bienvenue pour conter les origines d’Alfred, usant presque de la syncope, d’une poésie cruelle pour décanter et former une action élégante. Tout comme Alfred, la série fonctionne sur courant alternatif : calme en apparence avant de laisser ressortir son caractère fou à lier. Le majordome au caractère stoïque n’est qu’une façade que Jack Bannon, toujours affublé de son manteau, le regard impassible, incarne à merveille, émergeant des rues embrumées de Londres, pour s’enrouler dans une violence froide. Pennyworth est à rattraper si ce n’est déjà fait.
Casting : Jack Bannon, Ben Aldridge, Hainsley Lloyd Bennett, Ryan Fletcher, Paloma Faith, Jason Flemyng, Dorothy Atkinson, Emma Paetz
Fiche technique : Créée par : Bruno Heller / Plateforme : Epix / Date de diffusion : 28 juillet 2019 / Format : 10 épisodes – 55 minutes