Neuvième film. Quentin Tarantino a toujours clamé qu’après dix films, sa carrière de cinéaste prendrait fin. Once Upon a Time in Hollywood est donc l’avant-dernier. Une fable hollywoodienne retraçant son âge d’or, avec pour figure principale Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), acteur populaire dans les années 50 et désormais has-been.
Émerveillement et joie quand Quentin Tarantino annonce un nouveau film. Cris de joie quand Leonardo DiCaprio et Brad Pitt débarquent à l’écran, ensemble. Les deux emblèmes de Hollywood réunies dans le même film, formant un duo inégalable : Rick Dalton et Cliff Booth. Acteur pour le premier, doublure pour le second. Les beaux jours semblent être derrière Rick. Au sortir d’un rendez-vous, c’est la douche froide : il prend conscience qu’il est dépassé, cantonné aux mêmes rôles. Dalton découvre sa position dans le milieu grâce au producteur Marvin Shwarz (Al Pacino), qui l’envoie tourner en Italie booster sa carrière. Tarantino traverse l’histoire du 7ème art américain, en déballe un hommage énergique, bourré de références, pour enfin combler sa nostalgie et sa soif de cinéma.
Uchronie hollywoodienne
Steve McQueen, le célèbre coiffeur Jay Sebring, Sharon Tate, James Stacy, Bruce Lee ou encore Roman Polanski, les grands noms se mélangent aux personnages imaginaires. QT réécrit l’Histoire. Par le prisme de l’uchronie, Once Upon a Time in Hollywood s’empare de l’industrie du cinéma en 1969, mais également de ce fatidique événement du mois d’août, moment où des membres de la famille Manson ont massacré Sebring et Tate. Les 6 premiers mois que couvre le film, hormis le glamour du cinéma d’antan, la situation sociale de l’époque y est aussi effleurée. Croisement de nombreuses thématiques, d’une multitude de personnages, Once Upon a Time in Hollywood et avant tout une gâterie cinématographique aux sublimes décors, à la vista « tarantinienne ». Et si le sujet peut sembler léthifère, il y a cette tonalité, ces couleurs éclatantes qui donnent à Los Angeles cette allure de délicieux bonbon.

Un feu d’artifice habilement ficelé, passant de la famille Manson à l’industrie hollywoodienne. Un film tentaculaire qui parvient à digérer ses nombreuses couches temporelles. Structure dense, certes, mais fluide, avec de légères faiblesses dans sa partie finale. Tarantino s’en donne à coeur joie et freine son histoire dans le dernier segment pour revisiter l’Histoire à sa manière. Non, Once Upon a Time in Hollywood n’est pas un pseudo biopic, mais plutôt un fantasme que Tarantino caressait depuis plusieurs années.
Tandem DiCaprio/Pitt d’excellente facture
Et cette bande-son en béton armé qui nous permet d’en prendre plein les oreilles : un grain de folie et de nostalgie. Mais c’est surtout la distribution qui fait son effet. À commencer par la paire Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, réunis pour briller dans leur costume respectif. Le fleuron hollywoodien pour viser les étoiles d’un passé doré. Quentin Tarantino s’amuse à faire défiler des comédiennes et comédiens pour dessiner les contours d’une époque furieuse dans tous les sens du terme. Le sourire machiavélique de Lena Dunham, les acrobaties de Margaret Qualley, la beauté de Margot Robbie, la dégaine de Damian Lewis dans la peau de Steve McQueen, ou la folie meurtrière d’Austin Butler portent un film tellement riche et généreux.
Once Upon A Time In Hollywood n’est peut-être pas le meilleur de QT, mais cette passion, ce casting, cette lettre d’amour au cinéma sont des facteurs qui nous catapultent dans un sentiment de joie et de plaisir infini. Les montagnes russes hollywoodiennes. Rick Dalton incarne ce grand huit du show-business : débarqué sur le plateau avec une grosse gueule de bois, il rate ses lignes durant une scène. Fou de rage, il repart dans sa loge pour s’invectiver. Et le voilà reparti de plus belle pour jouer avec une intensité folle, digne d’une personnage shakespearien. Une scène iconique représentant OUATIH : le cinéma, le vieillissement et la passion. Tarantino a essayé d’innover, de se laisser porter par ses pulsions pour exorciser la peur de devenir has-been, comme l’est Rick Dalton. Et si QT était Rick Dalton ?
Casting : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Timothy Olyphant, Kurt Russell, Michael Madsen, Emile Hirsch, Damian Lewis, Dakota Fanning, Luke Perry, Mike Moh, Austin Butler, Lena Dunham, Margaret Qualley
Fiche technique : Réalisé par : Quentin Tarantino / Date de sortie : 14 août 2019 / Durée : 161 min / Scénario : Quentin Tarantino / Photographie : Robert Richardson / Distributeur suisse : Sony