Netflix et sa folie des grandeurs

Netflix s’est fait conspuer à Cannes. Huée rien qu’à l’apparition du logo sur l’écran du Grand Théâtre Lumière, la société de Los Gatos s’est retrouvée au milieu d’une polémique cannoise alors qu’elle n’avait pas lieu d’être – pour un contentieux à propos des sorties en salles. Et en y regardant de plus près, la firme américaine est en train d’écraser la concurrence et crée une véritable émulation derrière le rouleau compresseur qu’elle a créé.

Netflix compte désormais plus de 104 millions d’utilisateurs dans le monde et n’est pas prêt à s’arrêter là. Le site de streaming prévoit d’investir la bagatelle de 6 milliards de dollars sur l’année et plus de 7 milliards pour l’année suivante. Des sommes astronomiques qui seraient investies dans une ribambelle de productions originales. Sachant que Martin Scorsese a cédé aux sirènes de la firme américaine pour réaliser The Irishman, où nous retrouverons Al Pacino, Robert De Niro et normalement Leonardo DiCaprio avec une jolie enveloppe de plus 100 millions de dollars à la clé, David Fincher, lui, continue de réaliser et produire pour Netflix. Mindhunter est prévu pour le 13 octobre. Ajoutez à ça l’arrivée récente de Paul Greengrass à la réalisation d’un biopic sur Breivik, les ambitions sont démesurées. Et ce n’est pas terminé, car le site de streaming ne cesse d’annoncer des projets faramineux, comme par exemple Maniac, nouvelle série réalisée par Cary Fukunaga avec, prévus au casting, Emma Stone, Jonah Hill et Justin Theroux. Les producteurs « netflixiens » ont les dents longues et enchaînent les projets.

Shonda Rhimes débarque à Los Gatos

Reed Hastings, directeur et fondateur, a de la suite dans les idées. Après la perte du partenariat avec Disney, et Marvel par la même occasion, on pouvait s’imaginer qu’il y avait péril en la demeure. Loin de là. Dans la foulée, Shonda Rhimes est annoncée partante d’ABC Studios, autre propriété de Disney, pour trouver refuge chez Netflix. La prolifique showrunneuse à qui nous devons Grey’s Anatomy ou encore Scandal, se greffe à la longue liste de réalisateurs et producteurs fidèles à la société californienne.

Rien ne semble freiner la folie des grandeurs du site. Et qui dit success story, dit nouveaux concurrents. Outre le grand rival Amazon et d’autres firmes comme Hulu, les gros poissons commencent à se bousculer au portillon. Si Disney a pris ses distances avec Netflix, la raison est simple : eux aussi souhaite créer leur plateforme. Un nouvel acteur dans la course au streaming et ce n’est que le début. L’autre grosse cote, c’est Apple. L’entreprise de Cupertino est bien décidée à investir massivement le marché des séries et des films. Rien d’étonnant quand on s’aperçoit que les abonnés de Netflix ont grimpé de 5,2 millions en moins de 3 mois – entre avril et juin 2017. En un peu plus d’une année et demi, le nombre d’utilisateurs est passé de 71 millions à 104 millions. Une croissance due à l’internalisation de la marque.

Apple prépare le futur. Le travail est déjà en marche – deux têtes pensantes de Sony Pictures ont été engagées – et les ambitions sont là. Près d’un milliard de dollars est prévu pour la création de contenus originaux, entre séries et films. De quoi concurrencer férocement le leadership de Netflix sur le marché du streaming. Tout de même, la marque à la Pomme reste en retrait comparé à Netflix et Amazon, dont les investissements se monteraient à 4,5 milliards de dollars.

Et les chaînes dans tout ça ?

Amazon, Netflix ou encore Hulu. Des plateformes qui produisent et créent des séries à la pelle, et d’une qualité indéniable. Au milieu de ces nouveaux rivaux, il y a les chaînes de télévision. La première est HBO qui, elle aussi, s’essaie à une offre de streaming, tout comme ABC. Des premiers pas qui démontrent que les chaînes gardent un oeil sur l’avènement du streaming. La chaîne américaine reste la valeur sûre des créations originales, comme l’atteste leur surnom de « sorcier des séries ».

Le streaming attire de plus en plus. Netflix fait des envieux. Les travaux d’Hercules d’Apple pour se forger une réputation dans le milieu des séries et réussir à s’immiscer au même niveau que HBO ou Amazon démontrent que la société fondée par le regretté Steve Jobs fait du streaming une priorité. Une multitude de nouveautés qui rappelle que Netflix en est l’instigateur, à l’origine de cet engouement pour le streaming alors que beaucoup ne croyaient pas au streaming vidéo. Netflix a réussi son pari et n’hésite pas à asseoir son autorité. Si bien que même Facebook serait sur les rangs pour la création d’un portail streaming et pour investir fortement dans les séries. Un engouement qui ne cesse croître grâce, en grande partie, à Netflix…