Natalie Portman, maîtresse de la névrose

Alors que son prochain film est sur le point d’être dévoilé au festival de Toronto (TIFF), Natalie Portman s’est fait une spécialité dans son métier d’actrice : les rôles névrosés. 

Le déclic s’est fait au moment de la parution de la nouvelle bande-annonce de Lucy in the Sky, de Noah Hawley. Pourquoi cette illumination, hein ? Cette Lucy, interprétée par Natalie Portman, comme absente, prête à sombrer dans une folie enfouie. « I need to get back out there », entend-on de sa bouche. Dédoublement de la personnalité, la face sombre qui prend le dessus. Nouveau film et nouveau rôle névrosé pour l’actrice israélienne, après son plus connu – et mémorable – Nina Sayers dans Black Swan. Et si Darren Aronofsky avait décelé le potentiel névrotique de la belle Portman ? Une évolution vers l’obscurité satisfaisante si nous nous penchons sur ses rôles majeurs.

Un rôle nocif pour mutation ?

Dans les colonnes des Inrocks, Portman parlait de Black Swan comme « d’un rôle presque nocif, dont elle ne s’est pas encore séparée », en 2011. Un signe qui ne trompe pas, une vérité inavouable pour une actrice dorénavant et irrémédiablement attirée par les rôles psychotiques. Après le battage médiatique et son couronnement aux Oscars pour sa performance habitée dans Black Sawn, quelque chose a évolué. 

La danseuse dérangée était une proie dans V for Vendetta. Martyre dans un Londres dystopique ou encore dans la peau d’Anne Boleyn pour les besoins de Deux soeurs pour un roi de Justin Chadwick, Portman endosse un autre rôle de femme martyrisée par le temps et les blessures : Jacqueline Kennedy dans Jackie. La timidité qui la caractérise et sa délicatesse – surtout quand vous êtes face à elle – cachent en fait une femme désireuse de camper des rôles d’une infinie toxicité. La folie « Black Swanienne », le miroir de l’auto-destruction d’Annihilation, ou le parcours tortueux d’une chanteuse nommée Céleste, l’Israélo-américaine ne semble pas vouloir s’arrêter dans son exploration de rôles détraqués, déséquilibrés.  

À la recherche de l’expérience introspective ?

Se confronter à ses peurs ou comprendre la psyché humaine poussée dans ses derniers retranchements ? Natalie Portman, titulaire d’un diplôme en psychologie de l’Université de Harvard, explore le déclin, l’euphorie humaine. La névrose traitée par le prisme d’une expérience introspective étalée sur plusieurs films, à travers des performances hypnotiques. Prochainement, Lucy in the Sky corrobore nos propos, envoyant Portman dans les étoiles avant que le retour sur Terre ne la confronte à une vision de la réalité différente. Des démons intérieurs remontant à la surface, comme un air de déjà vu avec Annihilation, voilà que Natalie Portman en fait son cheval de bataille, laissant échapper la face sombre de l’âme qu’elle poursuit depuis 2010.