Toute nouvelle dans le milieu, Melissa Guers a fait une apparition remarquée dans son rôle de Lise Bataille dans La Fille au Bracelet. Visage impassible, posture droite, la jeune fille prouve que la caméra ne lui fait pas peur.
Le regard franc, la jeune femme apparaît un temps timide, légèrement effrayée par l’exercice de l’interview. Melissa Guers, une frange lui barrant le visage, laisse échapper un sourire gêné, sans pour autant se laisser abattre. Un petit temps d’adaptation et Melissa Guers se présente, évoque son passé de sportive, ses idoles. Une actrice à la fraîcheur bienvenue, au charme indéniable.
Melissa Guers, pouvez-vous présenter ?
Je m’appelle Melissa Guers. À la base, je suis une gymnaste. La gymnastique sportive, tout ce qui est poutre et barre fixe. J’étais étudiante à la fac, en cursus de Lettres et Audiovisuel à la Sorbonne. J’étais également dans la troupe d’improvisation de la fac. Alors que je devais passer mes partiels, je me suis cassé le doigt. Impossible d’écrire. Par conséquent j’avais du temps à tuer, j’en ai profité pour me consacrer à ce rêve de devenir actrice.
C’était donc un rêve de devenir actrice ?
Je ne sais même pas si je peux appeler ça un rêve. Plus un fantasme. Chaque fois que je regardais un film, je m’imaginais dedans. J’ai tapé casting sur Facebook et je suis tombée sur le profil de Marine Albert, la directrice de casting de la Fille au Bracelet. Elle avait mis une annonce le jour même et j’ai envoyé un mail. Je l’ai rencontrée, j’ai fait une improvisation avec elle. Elle a pensé que Stéphane Demoustier allait bien aimer mon profil et m’a présentée à lui. Je suis revenue avec des textes à apprendre. Après j’ai enchaîné 5-6 rendez-vous avec Stéphane, Marine Albert, l’assistant réalisateur, et j’ai rencontré 2 fois Roschdy Zem. Un mélange de rêve et de hasard.
Votre rôle est très intérieur, pas facile à camper. Pour ce premier rôle, c’était un vrai challenge ou vous êtes-vous sentie directement à l’aise ?
Stéphane Demoustier m’a énormément fait confiance. Il a été très généreux. Il ne m’a jamais dirigée de manière autoritaire. Et comme il m’avait choisie pour ce que je dégageais, j’ai rapidement pris confiance. Je sais que j’ai un caractère très réservé, que je laisse peu transparaitre mes émotions. Je n’ai pas trop eu à forcer.
Je sais que j’ai un caractère très réservé, que je laisse peu transparaitre mes émotions
Votre passé de sportive a été bénéfique ?
(Elle sourit) Pour l’instinct de compétition, surtout. C’est aussi un aspect de ma vie que j’ai mis dans le personnage de Lise Bataille. Elle a l’air très sûre d’elle, presque impossible à prendre de court.
Lise a une sexualité un peu débridée, elle se laisse filmer en pratiquant une fellation. Le rapport aux réseaux sociaux est aussi évoqué dans le film. Vous, de votre point de vue, quel regard portez-vous sur la sexualité des jeunes d’aujourd’hui, ce besoin de s’étendre sur les réseaux sociaux ?
Je suis une adepte des réseaux sociaux. Tout dépend de l’utilisation. Il y a énormément d’informations qui nous tombent dessus. Il suffit juste de trier ce qu’on aime ou pas.
Et ce rapport sexualité et réseaux sociaux. Avez-vous déjà été témoin de situation telle que vit Lise dans le film ?
Moi pas, mais des amies au lycée ont été victimes de ce genre de vidéos. Le lycée est hyper important pour la plupart des jeunes. La réputation qu’on peut avoir ou autre. De mon côté je n’ai pas ce problème, mais ça peut en affecter énormément. Les lycéens sont soucieux de l’image qu’ils vont dégager, qu’ils vont véhiculer auprès des autres. On a l’impression que notre lycée est le centre du monde, que le monde tourne autour de ces murs. Et une fois qu’on le quitte, on n’y pense plus.
On a l’impression que notre lycée est le centre du monde, que le monde tourne autour de ces murs. Et une fois qu’on le quitte, on n’y pense plus.
Vous vous êtes inspirée de ces situations, des comportements aperçus dans le lycée que vous avez fréquenté ?
J’étais très amie avec ces filles prisent pour cible. On était différentes, mais elles étaient les plus marrantes, les moins complexées.
Pensez-vous que les jeunes n’ont plus de pudeur ?
Non, elle a simplement changé. C’est une autre forme de pudeur à présent.
C’est une autre forme de pudeur à présent
Et pour la jeune actrice que vous êtes, quel est votre film référence ?
(Elle réfléchit) Le dernier film qui m’a marquée c’est Parasite de Bong Joon-ho. Sinon c’est l’univers d’Almodovar, Pulp Fiction de Quentin Tarantino ou encore Les Valseuses de Bertrand Blier. J’ai dû le visionner pour les besoins du film. Stéphane voulait que je le voie.
Vous a-t-il demandé de voir d’autres films ?
Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson, La Chambre du fils de Nanni Moretti et À nos amours de Maurice Pialat.
Si j’ai bien décodé, votre cinéaste fétiche est Pedro Almodovar ?
Exactement. J’ai un faible pour Quentin Tarantino et pour Maurice Pialat.
Et votre idole ?
En tant qu’actrice j’ai bien sûr Pénélope Cruz. Elle représente la sensibilité et la subtilité pour moi. Elle est classique et intemporelle. Ensuite, Simone Weil est une femme qui m’inspire. Dans mes idoles du moment, Jhené Aiko. Une chanteuse que j’écoute beaucoup, très subtile dans ses textes. Elle tend vers la spiritualité et décortique à merveille les relations humaines.
Vous êtes convaincue par cette première expérience ? Allez-vous persévérer dans le métier ?
Oui, je compte prendre des cours dès la rentrée. Je vais tenter de me perfectionner et évoluer dans la branche. Je n’ai pas encore de projets futurs, mais je viens de tourner un film interactif. Sinon, en ce moment je passe des castings.