Mare of Easttown et The Nevers, 2 séries HBO à découvrir en avril

Le mois d’avril est bien fourni en matière de nouvelles séries. Avec l’arrivée très attendue de la 4ème saison de « The Handmaid’s Tale » sur Hulu, ou encore la nouvelle série dramatique avec Justin Theroux sur Apple TV+, « The Mosquito Coast », l’agenda sériel de ces prochaines semaines se remplit aussi vite qu’un verre de shot vodka caramel. HBO n’est pas en reste puisque la chaîne payante sort de sa manche deux séries le 11 et 18 avril.

Mare of Easttown

Créée par Brad Ingelsby, auteur notamment du scénario « Les Brasiers de la Colère », la mini-série « Mare of Easttown » s’intéresse à Mare Sheehan, ancienne gloire du basket local et détective. Dans cette bourgade de Pennsylvanie, tout le monde connaît tout le monde et les habitants s’appellent tous par leur prénom. Alors quand la ville se réveille un matin et apprend qu’un meurtre a été commis, c’est la stupeur. C’est Mare qui est chargée de faire la lumière sur cette affaire. Alors que l’inspectrice de police doit déjà faire face à une vie personnelle chaotique et une carrière professionnelle mise à mal par une affaire d’enlèvement non résolue, cet homicide met une pression supplémentaire sur les épaules de l’enquêtrice attendue au tournant.

Réalisés par Craig Zobel, réalisateur de 3 épisodes de « The Leftovers », les 7 chapitres de cette mini-série plongent les spectateurs dans les rues froides et sans charme de Easttown. Showrunner du programme, Brad Ingelsby est retourné dans sa Pennsylvanie natale pour écrire le scénario. Au fil de l’enquête policière, l’auteur traite des travers d’une communauté et analyse l’impact des blessures du passé sur le présent.

Immersion dans l’Amérique ouvrière, où les grossesses précoces et les familles dysfonctionnelles sont légion, la série dépeint une vie bien morne, une ambiance austère, à l’image de ses habitants toxicomanes, alcooliques, violents et infidèles. Aucun personnage n’est épargné par les problèmes, comme cette mère atteinte d’un cancer dont la fille a disparu sans laisser de trace, cette fille-mère peu aidée par un père porté sur la boisson, ou encore ce toxicomane qui cambriole sa famille pour acheter sa dose. L’existence des uns et des autres n’est qu’une succession de malchance, de mauvais choix ou d’actes manqués. Au milieu de tout ça, Mare, subtilement interprétée par une Kate Winslet sans artifice aucun, les cheveux négligemment attachés et le chemisier froissé. Femme insondable au visage ne laissant rien transparaître, la détective bataille entre une vie familiale au bord de l’implosion et une carrière professionnelle sur le déclin. Kate Winslet s’illustre à nouveau dans un rôle dramatique complexe, un genre qui lui va définitivement comme un gant. Pudique et authentique, elle donne corps à ce personnage subtilement, comme elle seule sait le faire.

Emmenée par l’actrice britannique, la série compte aussi une jolie palette de seconds rôles incarnés notamment par Guy Pearce, qui avait déjà partagé l’affiche avec Winslet il y a 10 ans dans « Mildred Pierce », autre très bonne série HBO, ainsi que la fantastique Joan Smart, Julianne Nicholson, Evan Peters (WandaVision, American Horror Story), ou encore Angourie Rice. Attendue le 18 avril sur HBO et en US+24, dès les 19 avril sur OCS, « Mare of Eastdown » condense thriller et drame familial prenants, avec en prime une Kate Winslet de retour sur petit écran. Que demande le peuple ?

The Nevers

Direction le Londres du 19ème siècle – oui encore l’époque victorienne qui décidément n’en finit plus d’inspirer les scénaristes -, où une pluie de poussière s’est abattue sur la population, dotant une partie des individus de pouvoirs surnaturels. Principalement des femmes, les personnes aux dons extraordinaires appelées « les Touchées » font face à l’animosité des habitants, qui voient en elles une menace, et sont traquées par des forces maléfiques. Pour leur venir en aide, Amalia True (Laura Donnelly), une « touchée » au crochet droit particulièrement puissant, et Penance Adair (Ann Skelly), une inventrice hors-pair, ont créé un foyer pour toutes les personnes de leur espèce. L’institution offre refuge à toutes celles et ceux ayant eu la chance, ou le malheur c’est selon, de recevoir un pouvoir.

Des superhéroïnes « badass », des scènes de baston en corsets et jupons rondement menées, le tout dans un style mixant décors victoriens et touches fantasy. Loin d’être désagréables à regarder, les 4 premiers épisodes mis à notre disposition offrent une belle qualité visuelle. Mais, il y a un mais, ça pêche côté scénario. Des personnages secondaires dont on comprend mal l’utilité, des sous-intrigues inintéressantes, un suspense quasi inexistant, rendant le tout assez ennuyeux au final. Bref, vous l’aurez compris, on est loin d’une série qui vous cloue au sol, ou au canapé, de ses premières minutes jusqu’à son épilogue. Malgré ses qualités esthétiques incontestables, « The Nevers » manque d’une réelle intrigue, d’une force de frappe aussi efficace que le droit d’Amalia True.

Et pourtant, le créateur de la série n’en est pas à son coup d’essai. Joss Whedon, plus connu pour avoir créé des programmes comme « Buffy contre les vampires » et « Angel », et pour avoir réalisé « Avengers » et « Avengers : l’Ère d’Ultron », sait de quoi il parle. Si on reconnaît aisément sa patte dans « The Nevers », avec des héroïnes féminines qui savent en découdre, des guerrières d’hier, d’aujourd’hui et de demain prenant diverses formes, le style manque peut-être d’audace et d’une écriture percutante cette fois

Pire encore, la série s’est vue davantage fragilisée en raison d’un remaniement de ses équipes suite au départ de Joss Whedon. Celui qui a fait les gros titres ces derniers mois, moins pour ses exploits de showrunner que pour ses agissements abusifs, a décidé de quitter le navire « The Nevers » fin 2020 prétextant un épuisement en raison d’un challenge trop grand à relever en temps de pandémie. Joss Whedon, qui coiffait les casquettes de scénariste, producteur du show, ainsi que réalisateur des 2 premiers épisodes, a vu sa côte baisser en flèche lorsque des accusations de comportements abusifs sur plusieurs tournages ont fait surface. Accusations initiées par l’acteur Ray Fisher à propos du tournage de « Justice League », appuyées par la suite par Charisma Carpenter, Gal Gadot ou encore Jason Momoa. « The Nevers » a donc eu son lot de rebondissements…

La série est diffusée depuis le 11 avril sur HBO et en US+24, dès le 12 avril sur OCS.