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Logan Lucky : une bande de péquenauds amuse la galerie
Comme on dit dans le jargon sportif, Jimmy Logan (Channing Tatum) tire la patte après une carrière prometteuse, mais rapidement avortée, de footballeur américain. Malheureusement, son genou en a décidé autrement. Clyde Logan (Adam Driver), lui, c’est la main gauche qui lui fait défaut après un accident durant son service en Irak. Les deux frères, qui ne sont pas réputés pour leur intelligence, décident de faire le casse du siècle : dérober les recettes de la course NASCAR de Charlotte, une course de voitures qui rassemble une masse considérable de spectateurs venus boire, manger et en prendre plein les yeux. Mais les deux frangins doivent faire appel au maître du braquage : Joe Bang (Daniel Craig). Le hic, Joe est en prison. Mais rien ne retient les Logan…
Et derrière cette ruse, Steven Soderbergh renoue avec un genre de cinéma qui lui sied à merveille, dans la même veine que la saga Ocean’s. Cette fois-ci, l’intelligence, voire la technologie pointue de la bande à Danny Ocean n’est pas en option. Avec pour décor la Virginie occidentale et ses nombreux clichés de l’Amérique rurale, Logan Lucky est plus une revanche des ratés qu’une vengeance pure et dure. Voyez plus la vendetta d’une dynastie familiale, celle des Logan, sur la misère qui les frappe depuis des décennies, comme l’explique Clyde derrière son bar. Une chance inouïe de faire basculer le destin de leur côté, pour une fois.
Un genre d’Ocean’s Eleven
Si les raccourcis sont très faciles à faire, Soderbergh use des mêmes ingrédients pour son retour au cinéma – 4 ans après Effets Secondaires. Une mise en scène très propre, rythmée, ficelée pour nous tenir en haleine. Entre l’incarcération (programmée) de Clyde pour sortir Joe de cette même prison durant la course et le retour en prison sans que personne ne s’en aperçoive, la tâche est ardue, voire impossible mais les subterfuges employés sont assez cocasses. Car les pièces se placent astucieusement sur le puzzle et forment une jolie fresque où de joyeux bandits se décident à passer à l’action. Du même acabit qu’un Ocean’s Eleven, les blagues fusent et l’ambiance est plus à la comédie qu’au film de braquage très tenu. Soderbergh joue des clichés, tourne en ridicule ses personnages principaux et s’amuse à vous faire la leçon de science en plein hold-up.
Photo copyright : ARP Sélection
Tatum, Driver, Craig… mais aussi Riley Keough
Soderbergh s’amuse à suivre son plan à la lettre sans délaisser le côté imprévu et la légèreté de la trame comique. Habitué à travailler sur des sujets plus graves ces derniers temps à la télévision, The Knick ou The Girlfriend Experience, le réalisateur américain mise sur son casting cinq étoiles et démarque sa star féminine, Riley Keough. Si les personnages masculins sont caricaturaux, très machos et loin d’être des lumières, Riley Keough, qui campe Mellie Logan, est le stéréotype de la pimbêche, maquillée comme une voiture volée et habillée comme la dernière prostituée du coin. Mais les apparences sont parfois trompeuses et Soderbergh en fait une pièce maîtresse de son film. Derrière cette plastique et ce regard impassible, le contraste avec une gent masculine pas très maligne est parfait.
Photo copyright : All Rights Reserved / Claudette Barius
Car les Tatum, Driver et Craig sont les instigateurs du plan minutieux mis en place, mais très embêtés sans la conduite sportive de Mellie. Du reste, il est sympathique de voir Daniel Craig hors de son costume bien lisse de James Bond qui cette fois-ci, laisse le costard au placard et enfile la tenue bariolée du prisonnier, coiffé d’une teinture blonde qui accentue son regard bleu.
Hormis les principaux, on apprécie les nombreux petits rôles que Soderbergh a distillé un peu partout dans son histoire. On y recense Seth MacFarlane dans le rôle d’un conducteur imbu de lui-même et fasciné par son compte Instagram, Katie Holmes dans la peau de l’ex-femme de Jimmy, Katherine Waterston en docteur et sous le charme de Jimmy, ou encore Hilary Swank comme agent du FBI. Une ribambelle de personnages secondaires qui se bousculent et croisent le chemin des Logan et Bang.
Une joyeuse bande qui s’amuse devant la caméra du cinéaste américain. Le résultat reste très sympathique et maîtrisé. La légère déception provient surtout de la zone de confort dans laquelle Soderbergh semble se complaire. Car sans être une véritable prouesse, Logan Lucky se visionne et s’apprécie. Et Steven Soderbergh s’y connaît, lui qui sait si bien allier intelligence et humour dans un style presque inimitable.
Casting : Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig, Riley Keough, Seth McFarlane, Katherine Waterston, Katie Holmes, Dwight Yoakam, Sebastian Stan, Hilary Swank, Macon Blair, Jack Quaid
Fiche technique : Réalisé par : Steven Soderbergh / Sortie : 25 octobre 2017 / Durée : 118min / Genre : Comédie, Policier / Scénario : Rebecca Blunt / Musique : David Holmes / Photographie : Steven Soderbergh / Distributeur suisse : Impuls Pictures