Le Guide Covid #2 : 3 séries à rattraper

Le confinement est toujours de mise. Continuons notre liste intitulée « Guide Covid » pour combattre l’ennui ou rattraper le retard accumulé ces derniers mois, voire années. 3 choix pour éviter de perdre du temps devant le menu, à force de surfer entre les différentes catégories de votre compte Netflix ou Amazon.

Truth Be Told (Apple TV+)

Sortie le 6 décembre 2019, Truth Be Told fait partie de ces séries qui sont (un peu) passées inaperçues. À tort ! Pour remettre les choses dans leur contexte, faut-il rappeler l’excellent travail fourni par Apple, avec un catalogue de séries originales de qualité. La firme de Cuppertino réalise de véritables séries, genre de retour au format original, sans parler des différents shows parfaitement écrits. En somme, un travail solide pour le moment.

C’est dans cette même lignée que Truth Be Told s’inscrit, un ton en-dessous, disons-le tout de suite, dans la même trajectoire de séries telles que The Morning Show ou l’excellente For All Mankind. 8 épisodes de 45 minutes d’une enquête menée par Poppy Darnell (Octavia Spencer) sur une affaire vieille de 19 ans. À travers ses podcasts à succès, elle rouvre le dossier et convoque les vieux démons enfouis. Warren Cave (Aaron Paul) est emprisonné pour un crime qui semblerait ne pas être de son fait.

Autant dire qu’assez rapidement, les masques tombent et qu’à partir de l’épisode 5 il y a une certaine prévisibilité – enfin, pas tout à fait. Mais la profondeur, si vous grattez un peu, est avant tout sur l’impact d’un meurtre, l’impact d’un mensonge qui s’étire sur près de 20 ans. Le véritable coupable importe, certes, mais pas autant qu’on le pense. Les répercussions existentielles entre la journaliste Poppy, du coupable Warren, en passant par les jumelles Lanie et Josie, interprétées par Lizzy Caplan, sont multiples, toujours plus épais.

À traquer la vérité, Truth Be Told révèle les fêlures du passé. Aaron Paul est une nouvelle fois intense, excellent quand il s’agit d’intérioriser un chagrin. En face, Octavia Spencer incarne solidement une femme tiraillée par la vérité et par une vie de famille difficile à gérer. Sans être flamboyant, le script signé Nichelle D. Tramble, basé sur le livre de Kathleen Barber, réussit à rassembler les pièces du puzzle pour en faire une série d’un bon calibre, malgré une mise en place ennuyeuse. Les enjeux sont autres, la vérité n’est pas aussi facile à déceler.

The Virtues (Canal 4)

Peut-on parler de l’une des séries les plus intenses de ces dernières années ? Le qualificatif ne serait pas usurpé tant Shane Meadows (This Is England) nous cloue le bec avec sa série The Virtues, diffusée en mai 2019 sur Canal 4.

Un combat contre le fléau qu’est l’alcool ; une femme qui prend ses cliques et ses claques pour quitter le gris désespoir de Liverpool pour la chaleur de l’Australie. Joseph (Stephen Graham) s’en va lui aussi vers le sud de l’Irlande pour affronter son passé. Un retour aux sources horriblement dur à encaisser, surtout quand il retrouve sa soeur, longtemps perdue de vue.

The Virtues est une série absolument déchirante – et on pèse nos mots -, poignante comme rarement une série l’a été. 4 épisodes qui grimpent graduellement en température pour offrir une conclusion sublime. La douleur en surface, noircissant les entrailles d’un homme courbé par son lourd passé. The Virtues est d’une profondeur, d’une justesse. La partition immaculée de Stephen Graham (Boardwalk Empire, The Irishman) en est pour beaucoup. La scène finale est un grand ballet d’émotions qui vous scotche à votre chaise. Un exorcisme du passé à rattraper de toute urgence !

Beau Séjour (visible sur Netflix)

Production belge comme hors du temps, à l’idée super alléchante. Beau Séjour est cette série fantastique au thriller à hui-clos : une adolescente se réveille dans un hôtel lugubre, comme arrachée abruptement d’un mauvais cauchemar, et découvre qu’elle a été assassinée. Un réveil dans la chambre 108 de ce fameux hôtel Beau Séjour, invisible de tous, sauf de certains villageois. Kato (Lynn Van Royen) va mener l’enquête pour découvrir qui l’a tuée.

Apparue début 2017, Beau Séjour possède cette atmosphère froide, particulière d’un récit aux frontières du fantastique. L’angoisse comme rappel (sec) à notre réalité, Kato va enquêter comme un être de chair et de sang, mais sans être visible par ses semblables. Hormis quelques villageois, elle passe sans piper mots, sans faire la moindre vague. Un parti pris intéressant, délaissant le côté fantomatique du personnage de Kato, mais en le gardant dans une forme humaine. Elle reste coincée entre deux mondes en attendant de faire la lumière sur son meurtre.

L’idée séduit et l’histoire est tout aussi plaisante. Les créatrices Nathalie Basteyns, Kaat Beels, Sanne Nuyens ont planté les bases d’un récit particulier, au lyrisme étonnant, comme l’est The Ghost Story de David Lowery. Presque déconnecté de notre époque, voguant entre le réel et le surnaturel, tout en gardant un pied dans une mise en scène pleine de naturalisme. D’une beauté (parfois) à couper le souffle.