La Planète des Singes en impose pour son volet final

Matt Reeves est peut-être le « sauveur » de cinéma blockbuster. Si Christopher Nolan s’est fendu d’un Dunkerque gigantesque, aussi à la sauce blockbuster, Reeves est sur le point de devenir l’un des maîtres du cinéma à gros budget, comme en atteste sa réussite avec la franchise de La Planète des Singes. Après avoir emboîté le pas à Rupert Wyatt, le cinéaste américain s’était déjà illustré avec La Planète des Singes : l’affrontement et rempilait pour réaliser le troisième volet de la saga. Bien lui en a pris. Celui à qui nous devons le très réussi 10 Cloverfield Lane déballe le meilleur film estampillé du label Planète des Singes. Alors que les singes donnent toujours du fil à retordre après avoir été la cible d’expérimentations humaines qui ont viré au vinaigre, nous les avions laissés au croisement d’un processus de paix entamé, entre les humains et les singes, mais malheureusement tombé à l’eau par la faute d’éléments perturbateurs dans les deux camps. Si le deuxième volet mettait en avant les valeurs de la réunification (avortée), le troisième est signe de violence, de haine. Mais est-ce que la vengeance ramène la paix intérieure ? La réponse est simple, mais Matt Reeves en parle avec nuance et délicatesse.

César craque et cède à la haine

Alors que l’image de Kuba lui trotte dans la tête, César (Andy Serkis) refuse de céder à la violence, la combat avec véhémence et n’hésite pas à rendre vivants des soldats humains envoyés pour le capturer, comme signe de paix. Mais les choses s’enveniment le jour où un colonel-dictateur, interprété par un Woody Harrelson habité par la démence, assassine de sang froid la femme et le fils du vénérable César. Débute une chasse à l’homme à travers l’immensité et la désolation des paysages apocalyptiques. Tout est à l’abandon. Les décors sont assez bluffants.
Photo copyright : Twentieth Century Fox
Mais c’est bien la hargne dont fait preuve César, véritable guerrier après la perte des siens. Décidé à se faire justice lui-même, son périple sera long et semé d’embûches. Premier accroc, l’arrivée d’une petite fille, surnommée Nova (Amiah Miller), dans l’équipe qui entoure le chef des singes. Autre rencontre, celle de Bad Ape (Steve Zahn), un singe élevé en captivité dans un zoo. La rencontre est subtile et démontre les différences entre un peuple sauvage et un singe apprivoisé par l’homme. Alors que certains n’hésitent pas à trahir la confiance de César, d’autres restent prompts et dévoués au chef suprême.

À la conquête de la frontière

Car au fin fond des montagnes, dans la neige, se cache un véritable camps de concentration pour singes. Des soldats humains qui obéissent aux folies du colonel et utilisent les singes pour bâtir un mur contre une invasion d’une autre horde d’êtres humains. Mêlés à cette guerre, les singes sont des ennemis mais surtout des dommages collatéraux au milieu de cette tuerie orchestrée par l’homme lui seul. Le discours que tient ce nouveau film de La Planète des Singes est peut-être simpliste mais parfaitement développé. Au milieu des combats, le message se construit pièce par pièce, sous cette violence accrue mais jamais superflue. Un récit emprunt à une certaine noirceur, parfaitement conté et amené par Matt Reeves. Il y a de la tendresse malgré les coups et une réflexion sur la cohésion entre les espèces. Le dernier chapitre de cette quête se clôt parfaitement et, à n’en pas douter, est l’épisode le plus convaincant produit par la franchise. Une réussite technique et scénaristique malgré quelques longueurs presque dérisoires au vu du résultat final. Casting : Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn, Terry Notary, Karin Konoval, Amiah Miller, Judy Greer, Michael Adamthwaite Fiche technique : Réalisé par : Matt Reeves / Date de sortie : 2 août 2017 / Durée : 140min / Genres : Aventure, Science fiction, Action / Scénario : Mark Bomback / Musique : Michael Giacchino / Photographie : Michael Seresin / Distributeur suisse : Fox-Warner