La Guerre des Mondes : l’humanité face à l’inconnu

Canal+, en co-production avec les États-Unis et le Royaume-Uni, s’attaque au roman de H. G. Wells et son grand classique déjà maintes fois adapté : La Guerre des Mondes. Idée audacieuse pour une série traversée de manière contemporaine. 

Steven Spielberg l’avait adapté en 2005, avec Tom Cruise dans le rôle titre. En 2019, c’est Howard Overman à l’origine de cette nouvelle mouture, le créateur de Misfits. Désireux d’en faire une série misant plus sur l’intime que le spectaculaire, le showrunner vogue entre la France et l’Angleterre pour dégager un récit contemporain et moderne placé sous le signe d’un monde post-apocalyptique réaliste. Plus de tripodes géants, mais des chiens au cortex intégré. De petites bêtes rapides et meurtrières. 

Des Alpes au chaos urbain

C’est dans les Alpes que l’astronome Catherine (Léa Drucker), du centre de radioastronomie millimétrique, découvre un signal étrange : la vie extraterrestre existe bel et bien. Le monde n’est pas préparé à une invasion et l’attaque sera radicale, le chaos urbain immense. Des cadavres étalés et des survivants qui tentent de se tirer des griffes de ces robots tueurs.

Outre Catherine, Overman brosse les portraits d’une jeune fille sourde, d’un immigré soudanais, d’un scientifique et son ex femme. Une multitude de personnages suivis dans différents endroits, confrontés à la fin de l’humanité. Un survival du genre Walking Dead ou Black Summer. Et si la première citée perd en constance plus les personnages s’entassent, La Guerre des Mondes perd également de son mordant en balayant ces trop nombreux protagonistes. Black Summer osait resserrer son récit pour ne garder qu’un groupe, le noyau dur pour éviter de s’éparpiller et centrer son histoire le plus possible, la musclant indéniablement.

Photo copyright : Joss Barratt/Urban Myth Films

Overman tend plus vers la résistance des êtres humains en situation de crise, délaissant le côté spectaculaire de la série. Un choix judicieux pour ancrer le show dans l’humain face à sa réaction au danger – retour à l’instinct primaire. Les portraits et les fêlures foisonnent côté protagonistes, et Overman semble s’amuser à regrouper des êtres écorchés vifs et perdus dans « l’ancienne » société. Un cataclysme comme seconde chance, comme Billy Ward (Gabriel Byrne), décidé à reconquérir sa femme de manière éhontée. La race humaine est proche de disparaître, alors pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ?

Après une mise en bouche se voulant très radicale, le second épisode perd rapidement en intensité pour ne stopper l’hémorragie qu’à son quatrième acte. La tension grimpe, les masques tombent, l’instinct de survie est toujours plus fort. L’horreur interroge l’humanité dans sa forme la plus authentique. L’individualisme vole en éclats. Visuellement, La Guerre des Mondes persiste dans une esthétique froide, tout comme sa mise en scène. L’exécution est soignée, trop soignée. Un brin d’audace, et ce même si Overman s’affranchit du livre, tout en appuyant sur ce climat anxiogène, l’envolée aurait pu être jouissive et étouffante. Le papa de Misfits passe en partie à côté de son sujet.

Casting : Gabriel Byrne, Léa Drucker, Elizabeth McGovern, Adel Bencherif, Emilie de Preissac, Natasha Little, Daisy Edgar Jones, Ty Tennant, Stephen Campbell-Moore, Stéphane Caillard

Fiche technique : Créée par : Howard Overman / Date de sortie : 28 octobre 2019 / Format : 8 épisodes – 45 min / Chaîne : Canal+