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Into The Dark : Marie-Antoinette et Hitman forment une paire hybride
Nous en parlions dans notre article sur les nouveautés télévisuelles à découvrir en octobre. Into The Dark s’inspire de la période des jours fériés ou des vacances du mois durant laquelle elle est diffusée. Le premier se focalise sur… Halloween, en se basant sur un court-métrage de Paul Fischer et Paul Davis, nommé The Body.
Blumhouse a désormais l’emprise sur le cinéma d’horreur. On ne cite plus ses maints succès avec des franchises telles que Paranormal Activity, American Nightmare ou encore le film phénomène Get Out. Ils sont même à l’origine de la suite d’Halloween. En bref, ils sont partout ! Cette fois-ci, détour par la petite lucarne. Blumhouse fait équipe avec Hulu pour une série de 12 épisodes distillés sur 12 mois. L’épisode pilote se focalise sur un tueur à gages, Wilkes (Tom Bateman), qui vient de perpétrer un meurtre. Au service d’un mystérieux commanditaire, Wilkes a zigouillé une célébrité, celle qui a plus 20 millions de suiveurs sur Twitter. Traînant dans la rue le cadavre embaumé dans du cellophane, il a le malheur de voir sa voiture vandalisée. Impossible de terminer le travail sans une voiture. Il accepte l’invitation de fêtards qui passaient par là, fascinés par son « costume », son langage corporel et son cadavre en plastique, pour pouvoir se trouver une voiture et donc terminer ce qu’il a commencé.
Objet hybride, entre parodie et discours existentiels
Ce premier volet d’Into The Dark est un moulage comico-dramatique parfois jubilatoire et dopé à l’hémoglobine. Quand Wilkes rencontre Maggie (Rebecca Rittenhouse), une femme déguisée en Marie-Antoinette, un peu là par hasard, seule, obligée d’être de la partie à cause de l’organisateur, son employeur, un fantasque et riche créateur d’objets horrifiques nommé Jack (Ray Santiago), les choses s’enveniment. Le tueur à gages est très légèrement distrait par cette femme énigmatique, fascinée par ses discours sur la futilité de la race humaine. Car le « hitman » transpire le cynisme, exècre la race humaine et la conscience collective. Une vision moderne et fataliste. Wilkes voit l’homme comme une mascarade et parle de la mort comme un acte louable, voire tout à fait normal compte tenu de l’hypocrisie dans laquelle nous vivons.
Photo copyright : Richard Foreman, Jr. SMPSP/Hulu
Des discours intéressants, qui peuvent légèrement décontenancer, mais tout à fait cohérents dans son propos, tant il est question de la férocité du « dark web », de l’ampleur qu’une guerre technologique peut avoir sur nos vies. Le premier épisode « The Body », peut opérer comme une anti-métaphore de notre époque : le « dark web » fonctionne à l’image de notre économie, une immense société virtuelle où tout le monde marche anonymement sans que personne ne sache ce qu’il se trame. En 2018, tout le monde est tracé, tout le monde se livre à coeur ouvert et notre identité nous échappe. Et c’est là que le bât blesse. Un propos très sérieux qui coince avec le côté décalé et sanglant embrassé par la mise en scène.
Into The Dark se lance dans la nuit d’Halloween, où chaque personnage n’est pas certain d’en sortir indemne. Long de 88 minutes, cet épisode pilote tend vers la déconne, mais également vers un propos valable. C’est approximatif et maladroit. On aime la sensation d’insécurité, les retournements de situations incessants, sans pour autant trouver une vraie efficacité. Le casting pas à son affaire, avec un jeu téléphoné, et une mise en scène qu’on peut qualifier de « bon marché ». Les masques d’Halloween ne sont pas véritablement tombés, mais la suite prévoit un Thanksgiving plutôt dramatique.
Casting : Rebecca Rittenhouse, Tom Bateman, Aurora Perrineau, David Hull, Ray Santiago
Fiche technique : Créée par : Paul Davis, Patrick Lussier, Daniel Stamm / Date de diffusion : 5 octobre 2019 / Chaîne : Hulu / Format : 80 min – 12 épisodes