His Dark Materials : sublime épopée visuelle à l’écriture trop audacieuse

Une première adaptation datant de 2007 du premier roman de Philip Pullman n’avait pas trouvé son public. Cette fois-ci, HBO et BBC One s’engagent à redorer le blason d’une aventure épique, regroupant la trilogie imaginée par H. G. Wells dans une seule et même série. 

Une embarcation dans un nouveau monde, un univers à la beauté graphique évidente. Premier projet télévisuel pour New Line Cinema, His Dark Materials : À la croisée des mondes porte bien son nom tant l’histoire nous promet de belles choses, nous propose un visuel hallucinant de beauté mais se perd surtout dans une mythologie et une structure métaphysique – celle du livre – bien trop vaste. 

Plongez dans une version fictive de Oxford 

Dans les travées de Jordan College, une version fictive d’Oxford – rappelons que Philip Pullman enseignait dans le célèbre université -, l’arrivée impétueuse de Asriel (James McAvoy), l’oncle de la petite Lyra (Dafne Keen), la véritable héroïne du récit, s’empresse de faire découvrir à un parterre de sages une découverte : l’existence de la Poussière. Une étrange particule que le Magiesterium pense être le fruit du Péché originel. Et si James McAvoy reste en retrait dans les premiers épisodes, c’est Dafne Keen qui porte la série sur ses épaules, bien que mollement. 

Photo copyright : HBO

Tous les humains sont accompagnés d’un daemon, une expression de l’âme humaine adoptant une forme animale. L’expression, voilà ce qu’il manque à la série toujours empêtrée dans une lente explication tortueuse des différents enjeux, englués dans une quête pour comprendre ce qu’est le phénomène Dust, tant craint par une bonne partie de la population. Tout avance lentement, se construit de manière à faire comprendre à une jeune fille ce qu’est la différence entre le bien et le mal, la sombre réalité met à mal la naïveté de la jeune orpheline.

Pour ce faire, le personnage le plus intéressant, pierre angulaire et catalyseur d’émotions, nous vient de Ruth Wilson – cela devient une habitude – dans la peau de Marisa Coulter. Belle et vertigineuse quand elle monte sur ses grands chevaux, si loin de son personnage naïf et doux dans The Affair. Elle incarne avec grâce la série, réussit à masquer les faiblesses d’un récit trop maladroit, délivrant par fragments les nombreuses pistes sans pouvoir les explorer solidement. Un chemin de traverse dans un univers d’une beauté saisissante, avec des métamorphoses animales sublimes. 

L’élégance de Tom Hooper derrière la caméra fait aussi peser dans la balance. Mais pour un tel projet, c’est la déception qui prédomine. Sans convaincre, sans être alarmiste non plus, His Dark Materials peine à s’élever, ne réunit jamais sa force visuelle et une écriture – l’oeuvre de Jack Thorne, auteur de Skins ou Shameless – souvent audacieuse mais bancale. Malheureusement laissant de côté des questions existentielles, le raisonnement d’une petite fille évoluant dans un milieu adulte froid et dangereux n’est pas assez approfondi. 

His Dark Materials, dès le 4 novembre sur HBO et dès le 5 novembre sur OCS, en US+24.

La critique est basée sur les 4 premiers épisodes mis à disposition. 

Casting : Dafne Keen, Ruth Wilson, Anne-Marie Duff, Clarke Peters, James Cosmo, Ariyon Bakare, Will Keen, Lucian Msamati, Gary Lewsi, Lewin Lloyd, James McAvoy

Fiche technique : Créée par : Jack Thorne, Philip Pullman / Date de diffusion : 4 novembre 2019 – 5 novembre sur OCS / Chaîne : BBC One, HBO / Format : 8 épisodes – 55 min