Si vous ne le connaissez pas encore, il est grand temps de combler cette lacune. Gus Dapperton, le plus inclassable des artistes de sa génération, sort ce 18 septembre Orca, son deuxième opus, qui se profile déjà comme l’album de la rentrée.
Sous-coté, c’est peut-être le sort qui est réservé actuellement à Gus Dapperton. Mais il faut rendre à César ce qui est à César car l’artiste est d’un talent percutant, et il ne faudra pas attendre des lustres avant que le globe ne s’en aperçoive.
Brendan Patrick Rice, de son vrai nom, est surtout connu pour avoir collaboré avec la chanteuse néo-zélandaise Benee sur le tube « Supalonely », morceau pop sautillant aux 142 millions de vues sur YouTube. Mais cette collaboration, certes couronnée de succès, est très loin de refléter le potentiel de l’artiste de 23 ans. Celui qui produisait jadis ses morceaux sur GarageBand sort un premier single en 2016, puis un premier album en 2019, Where Polly People Go To Read. Le natif de Warwick dans l’État de New York persévère dans un style qui lui est propre mélangeant aussi bien des influences hip hop que R’n’B ou new wave. Considéré comme le nouveau porte-drapeau de la bedroom pop, l’artiste DIY aux looks singuliers n’a pas volé son titre de nouveau prince de la musique indé, variant les genres et les thèmes, son nouvel opus pour en témoigner. Pour ce deuxième album, Dapperton de préciser : « Auparavant, j’écrivais mes chansons en m’inspirant de l’amour et du déchirement. Cet album vient de douleurs intérieures ».
Gus Dapperton a débuté l’écriture de Orca en 2018, alors qu’il était en tournée. Une période complexe pour l’artiste qui se rappelle : « J’étais en déséquilibre. Mon style de vie et mes habitudes étaient extrêmes. Je dormais moins de 8 heures par nuit, je buvais et prenais beaucoup de drogue, je ne mangeais pas sainement et avec tout ça je me produisais sur scène. Un concert peut être une expérience inspirante, mais si quelque chose tourne mal, ça peut être dévastateur ». Aussi invisible que sournoise, la dépression isole et aspire vers le fond. Mais ne dit-on pas toujours que c’est pour mieux remonter à la surface ? Orca en est la preuve. Et qui dit émotions brutes et exacerbées, dit musique brute également. Le parti pris artistique n’était pourtant pas une évidence pour Dapperton avouant que jeter tous ses sentiments en musique a été une expérience cathartique, une façon de s’ouvrir à ce qui l’effraie.
Orca est un album fort et fragile à la fois, psychanalytique, dont on sort vulnérable et animé par des rythmes enivrants

Thérapeutiques donc, les 10 titres de ce nouvel album livrent tour à tour des fragments d’émotions. De la souffrance à la guérison et la rédemption, le chemin de croix a un nom, il s’appelle Orca. Album fort et fragile à la fois, psychanalytique, dont on sort vulnérable et animé par des rythmes enivrants, pied de nez aux thématiques sombres abordées par Dapperton. Et on laissera au chanteur ce don unique pour parler du pire sur des mélodies furieusement jubilatoires. D’une voix frêle, non sans consistance, bien trop séduisante pour les oreilles, d’un style pareil à nul autre, l’artiste se révèle à fleur de peau et subtile, lui qui confesse volontiers une évolution dans son écriture sur ce nouvel album, entièrement écrit et produit par ses soins et mixé par Spike Stent, collaborateur de Frank Ocean, Beyonce ou encore Lady Gaga.
Premier extrait de ce deuxième opus, « First Kit » fait figure de mise en bouche minimaliste, épurée et introspective sur laquelle il est rejoint par sa soeur Amadelle au micro. Au mois de juillet, l’auteur-compositeur dévoilait « Post Humorous », un second titre mettant nez à nez une rythmique contagieuse avec des paroles témoignant de l’expérience de la mort durant l’enfance. La chanson, d’abord assortie d’un clip mettant en scène les amis de Gus Dapperton à travers le monde, puis d’une vidéo officielle, a aussi fait la part belle aux fans du jeune artiste qui leur a fait de la place sur sa chaîne YouTube en compilant leurs vidéos en un clip, dérivé de celui de ses amis. 3ème extrait, le titre « Medicine » emboîte le pas aux deux premiers single. Et à l’occasion de la sortie de ce nouvel opus ce jour, Gus Dapperton offre « Bluebird », un 4ème morceau confirmant que Orca est bel et bien l’album immanquable de cette rentrée.
Orca (2020)
- Bottle Opener
- First Aid
- Post Humorous
- Bluebird
- Palms
- My Say So (feat. Chela)
- Grim
- Antidote
- Medicine
- Swan Song