Equinox : on stream ou bien ?

Une nouvelle série danoise aux accents mystérieux, nous rappelant The Third Day ou encore les 4400. Equinox démarre une grande équation obscure pour retrouver une bande de jeunes étudiants disparus sans laisser de trace. Mystère et boule de gomme. 

« La vie n’est qu’une longue déception » explique Amelia (Fanny Bornedal) à la jeune fille innocente qu’est Astrid (Viola Martinsen). Nous retrouvons d’ailleurs cette même Astrid – désormais campée par Danica Curcic -, bien des années plus tard, à Bronholm, journaliste et productrice d’une émission radio. Un divorce non-consommé en travers de la gorge, une vie qui part à vau-l’eau, la femme voit son existence (re)prendre un sens quand un certain Jakob (August Carter), l’un des 3 rescapés d’une tragédie vieille de plus de 20 ans, l’appelle durant son émission. Un message étrange lui expliquant qu’une autre réalité se cache derrière la nôtre, laisse Astrid dans un flot de réflexions. Elle décide de mener l’enquête pour savoir où se trouve sa soeur, Ida (Karoline Hamm). Où peut-elle se cacher depuis toutes ces années ? 

Photo copyright : Netflix

Ces 3 individus sont la pièce maîtresse de l’énigme, la réponse à ces années entachées par la perte et le deuil. Un freinage sec du camion dans lequel ils festoyaient, voilà les derniers souvenirs nébuleux du trio. Mais où sont-ils, où sont ces 21 bacheliers volatilisés ? Un grand huit émotionnel, un grand voile noir qui s’est enroulé autour d’Astrid, pleurant son deuil et reniflant ses dernières illusions.

Tea Lindeburg orchestre une grande vitrine du temps qui s’écoule, d’une bulle temporelle qui s’apprête à exploser après tant d’années moroses. Fini de tergiverser, il faut remonter le cours du temps pour déterrer les secrets du passé. 

Nous avions découvert plus tôt dans l’année, The Third Day de Felix Barrett et Dennis Kelly, qui nous avait embarqués dans une forme de rituel du même genre qu’Equinox. La beauté plastique évidente de The Third Day et les envolées oniriques, presque sous acide, nous emportaient dans les flots mystérieux d’une communauté insulaire. Equinox, au nom évocateur, joue sur le même registre, composant une mélodie ancestrale et mystique qui parfois se noie dans une averse de clichés. Mais la bonne maîtrise des différents caractères des personnages nous renvoie à une valse de mensonges plutôt intrigante, parfois crépusculaire. De Copenhague aux campagnes de Bronholm, l’histoire carbure aux mystères, laissant les indices se tapisser dans l’ombre. 

Et c’est cette ombre au tableau qui cadence l’intrigue pour nous garder alertes. Une mosaïque de mensonges et d’indices qui ouvre le chemin vers une trame hallucinogène, grâce à une mise en scène tenue, plongeant dans la nuit morale et fonçant droit vers la catastrophe. La mélancolie se mélange au chagrin, à l’abandon, dans les ballets lumineux orangers et épurés. Des divagations aux accents vernaculaires qui reposent sur un facteur : décoder le sens d’un livre atterri par hasard dans les mains d’un étudiant (Jakob). Voilà ce à quoi tend Equinox : vers les cauchemars d’une femme qui ne sait plus où elle va des années après les incidents.

Empreinte d’une certaine élégance, cette nouvelle production danoise nous ramène vers un abîme de désarroi grâce aux multiples personnages et leurs secrets enfouis, tout en flirtant avec cette fatalité de ne peut-être jamais retrouver la trace que les années ont recouverte.

Casting : Viola Martinsen, Fanny Bornedal, Karoline Hamm, Danica Curcic, August Carter

Fiche technique : Créée par : Tea Lindeburg / Date de diffusion : 30 décembre 2020 / Format : 6 épisodes – 50 min / Plateforme : Netflix