Dunkerque : une brutale immersion dans la Seconde Guerre

Christopher Nolan fait partie des cinéastes qui déchaînent les passions rien qu’en annonçant la préparation d’un nouveau projet de film. Peu font partie de cette catégorie. Citons Terrence Malick, Xavier Dolan, Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Damien Chazelle, Alejandro Gonzalez Inarritu ou encore David Fincher. Et les attentes concernant Nolan sont toujours très grandes. Avec Dunkerque, il n’hésite pas à revisiter une partie de l’histoire méconnue de la Seconde Guerre. On parle souvent du débarquement de Normandie, mais pas vraiment de l’embarquement de Dunkerque. Un nouveau défi que Christopher Nolan décide de relever après le somptueux Interstellar et sa quête spatiale. La patte du britannique pour décrire l’opération Dynamo, une mission compliquée qui engendrera la perte de beaucoup d’hommes, mais beaucoup survivront à l’enfer de la guerre, un jour de mai 1940, sur les plages de Dunkerque où l’océan s’étend à perte de vue.

Des hommes encerclés et acculés de toutes parts

Copyright 2017 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved / Melinda Sue Gordon
Les allemands repoussent les français et les anglais loin vers la mer. Devant la force de frappe des germaniques, la fuite est la seule échappatoire pour survivre. Les bombes pleuvent sur des hommes amaigris et fatigués par une guerre éreintante et les torpilles détruisent les embarcations pour la rentrée au pays. Acculés de toutes parts, les troupes anglaises tentent (vainement) de s’extirper de cet enfer. Sous trois angles bien distincts : les airs, la mer et sur terre, Nolan explore trois facettes de la guerre. Des scènes haletantes dans les airs avec Farrier (Tom Hardy), pilote de la Royal Air Force, héros de la nation avec le sens du sacrifice aux séquences magistrales sur les plages de Dunkerque avec une tension étouffante. On garde à l’esprit ce plan fixe où Tommy reste à terre, les oreilles bouchées, attendant la fin des bombardements. Non, Nolan n’a pas lésiné sur l’action. En gardant une intensité constante, il joue avec une bande-son subtile, tout comme les sons répétés d’une horloge qui instaure une atmosphère pesante. Et dans ce sens, Nolan ne gaspille pas son temps dans un arc narratif pompeux et longuet. Les dialogues sont brefs, les échanges sont presque rares. La claque vient surtout d’une qualité visuelle à couper le souffle – Hoyte Van Hoytema à la photographie – et de ce souci du détail de nous immerger dans les douleurs de la guerre. La thématique du temps, chère à Christopher Nolan, est aussi un axe très travaillé. Entre les combats dans les airs et les combats sur terre, le temps s’écoule de manière différente. Rien n’est laissé au hasard, tout s’emboîte comme une horloge suisse dans les moindres détails. La faculté de précision dont Nolan fait preuve vous plonge encore un peu plus dans les entrailles d’une opération cauchemardesque.

Fionn Whitehead et Mark Rylance excellent

Copyright 2017 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved / Melinda Sue Gordon
Si Dunkerque transmet beaucoup d’émotions durant plus de 110 minutes, Fionn Whitehead n’est pas étranger à cette sensation de désolation. Frêle mais diablement captivant, le jeune acteur réussit, malgré le peu de dialogue, à vous embarquer. Autre motif de satisfaction: Mark Rylance en capitaine, prompt et paré à tous les dangers. Marqué par les pertes humaines, Dawcett (Mark Rylance) refuse de baisser pavillon et emmène avec lui son fils, Peter (Tom Glynn-Carney), et George (Barry Kheoghan), un adolescent qui veut rendre fier son paternel. Une embarcation qui vivra les horreurs de l’extérieur et réussira l’exploit de ramener beaucoup d’hommes à bon port. Et comment ne pas parler du (surprenant) nouveau venu : Harry Styles. Ma foi, le leader des One Direction s’en sort avec les honneurs. Avec Dunkerque, c’est une véritable immersion dans la Seconde Guerre. Grâce à la minutieuse mise en scène et la fluidité du récit, la marchandise est livrée, et pas qu’un peu. Christopher Nolan rajoute une jolie ligne à sa filmographie déjà faramineuse. Casting : Fionn Whitehead, Tom Hardy, Mark Rylance, Kenneth Branagh, Cillian Murphy, James d’Arcy, Tom Glynn-Carney, Harry Styles, Jack Lowden, Barry Keoghan Fiche technique : Réalisé par : Christopher Nolan / Date de sortie : 19 juillet 2017 / Durée : 110min / Genres : Guerre, Drame / Scénario : Christopher Nolan / Musique : Hans Zimmer / Photographie : Hoyte Van Hoytema / Distributeur suisse : Fox-Warner