Si vous ne le connaissez pas déjà, il est grand temps de combler cette lacune. Alfie Templeman est sans doute l’artiste le plus prometteur de la scène musicale britannique actuelle. À seulement 17 ans, écolier le jour, musicien le reste du temps, l’auteur-compositeur-interprète soulève déjà un enthousiasme débordant de la part des critiques et du public. Entre confinement forcé, créativité au point mort et playlist du moment, le jeune musicien nous en dit un peu plus sur lui histoire de faire connaissance.
Cette génération de gamins qui font de la musique dans leur chambre a de quoi en faire pâlir plus d’un. Il n’a jamais été plus facile de produire du son qu’aujourd’hui. Plus besoin d’avoir un studio d’enregistrement ultra perfectionné, le talent et la débrouille font le job. L’exemple le plus parlant, fer de lance de cette génération de kids surdoués, est sans doute l’Américaine Billie Eilish, accompagnée de son fidèle frère et producteur d’une majorité de ses titres, Finneas. Ensemble, dans leur petite chambre du domicile familial planquée en pleine banlieue de Los Angeles, ils écrivent, composent, manipulent tous les instruments et bidouillent des sons qui affolent les charts, les propulsant au sommet.
Alfie Templeman est de cette trempe de petits jeunes rageusement talentueux. À l’instar de son compatriote Declan McKenna à peine plus âgé, Alfie écrit et compose. Multi-instrumentiste, producteur aussi, l’Anglais sait tout faire. Guidé par une passion pour la musique héritée d’une famille de musiciens et escorté par une guitare offerte par son paternel à ses 7 ans, guitare qu’il a posée sur tous ses morceaux, il tue le temps en composant. Dans son village de Carlton dans le Bedfordshire, les distractions sont rares, si bien que le jeune Alfie, aussitôt rentré de l’école, se terre dans sa chambre et fait de la musique. Résultat : quelques titres téléchargés sur Spotify en 2017 qui ne manquent pas d’attirer rapidement l’attention du label Chess Club Records qui signe l’adolescent dans la foulée. La suite ? Un premier EP, Like Animal en octobre 2018, un deuxième, Sunday Morning Cereal en juin 2019, Don’t Go Wasting Time, le troisième en novembre 2019. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Le quatrième chapitre de la saga s’apprête à débouler. Happiness In A Liquid Form, un nouvel EP attendu le 15 juillet prochain et dont les deux premiers extraits, le bondissant et feel-good « Happiness In A Liquid Form » écrit en collaboration avec Justin Young de The Vaccines, et « My Best Friend », collaboration avec le groupe Coach Party, sont sortis il y a peu.
Quand on lui demande de se présenter, l’adolescent rétorque : « J’ai 17 ans, je viens d’Angleterre et je fais de la bonne vieille musique dans ma chambre. » Et quand on lui demande de nous révéler quelque chose de plus personnel sur lui : « Je suis né par césarienne et je suis arrivé bien après terme. C’est sûrement pour ça que j’ai les deux coudes désarticulés. »
Alors que le déconfinement a commencé un peu partout, la Grande Bretagne, elle qui avait imposé un confinement plus tardif, prône un retour à la normale très graduel. En ces temps particuliers, impossible d’éviter le sujet du coronavirus et de ses répercussions sur le quotidien. Le jeune Alfie semble prendre les choses de façon plutôt décontractée : « Je me lève, je retourne au lit, me réveille de nouveau, je mange quelque chose, je retourne me coucher, je mange de nouveau et me couche pour un bon moment. » Plus sérieusement, l’artiste se confie sur son état d’esprit durant cette quarantaine forcée : « De façon générale, j’étais plutôt déprimé pour être honnête. Mais je me suis rendu compte que ce serait probablement, et espérons-le, une situation qui ne se reproduirait pas durant mon existence, tout du moins à cette échelle. Donc, je vois tout ça comme une période durant laquelle j’essaie de comprendre comment gérer les situations de crise, une période dont je pourrai me rappeler dans le futur pour m’aider à me sentir mieux. Autrement, je joue à Minecraft pour ne pas être trop triste. »
Une chose est sûre, le confinement pousse les gens dans leurs derniers retranchements, inspire certains à plus de créativité ou annihile d’autres : « Je n’ai aucune inspiration ! Je pensais que ça allait être super parce que je suis souvent chez moi et j’enregistre dans ma chambre tout le temps, mais je n’ai rien à raconter et aucune anecdote sur laquelle écrire en ce moment, donc non, ça ne marche pas trop bien. »
À défaut d’écrire et de composer, Alfie joue dans sa chambre : « J’ai enregistré des sessions live dans ma chambre avec mon groupe donc on verra ce qu’on va en faire. J’adore faire ces « livestreams » pour les gens. » Et après le confinement, c’est quoi le programme ? : « J’espère pouvoir donner des concerts un peu partout dans le monde. Surtout que l’année prochaine j’aurai 18 ans donc ce serait super, un peu comme une année sabbatique musicale mais sans le truc sabbatique. » Et s’il y avait un seul festival où il rêverait de se produire : « En fait, j’aimerais créer mon propre festival de musique. Plutôt que de refaire un deuxième Woodstock, le but serait de recréer l’énergie qui s’en dégageait. Peut-être qu’un jour j’aurai les couilles et l’argent pour le faire. Qui sait ? »
J’aimerais créer mon propre festival de musique. Peut-être qu’un jour j’aurai les couilles et l’argent pour le faire.
Alors que son nouvel EP est sur le point de sortir, le Britannique nous raconte comment ce nouveau chapitre musical s’est construit : « Cet EP est cool. Toutes les chansons qui y figurent n’ont pas été écrites pour cet EP en particulier. Lorsqu’on a décidé mon label et moi de sortir un nouveau projet, ces 6 titres se sont imposés. Quand j’ai signé avec Chess Club (ndlr : son label de musique), j’ai écrit des centaines de chansons que j’ai mises dans une grande fourre pour qu’ils puissent les parcourir. Ils ont fini par en choisir 5, ce qui a donné Like Animal, mon premier EP. Aujourd’hui, on fonctionne encore comme ça. La seule différence c’est que maintenant je travaille avec d’autres personnes parfois, juste parce que je suis ouvert à de nouvelles idées. Donc cet EP contient quelques titres avec différents producteurs et auteurs, un peu comme le dernier EP que j’ai sorti (ndlr : Don’t Go Wasting Time). »
L’artiste le dit et le répète, il ne voit pas l’intérêt de se conformer à un seul style. Naviguant entre les genres musicaux avec autant d’aisance qu’un vendeur de churros un dimanche de fête au village, Templeman propose aussi bien des guitares lo-fi à la Mac DeMarco, comme dans son titre « Like Animal » ou « Don’t Go Wasting Time », que de l’indie rock teinté de funk ou de R’n’B. Inspirations tout à la fois pop, rock ou rap, à l’image du single « Sunday Morning Cereal », sur lequel Snoop Dogg a eu une grosse influence, ses titres sont une orgie de couleurs qui éclaboussent de toute leur fraîcheur. Le jeune homme s’inspire ici et là : « J’écoute beaucoup de beats lo-fi en ce moment. J’adore Jingsang, ça me rend tout nostalgique. Ces derniers temps, j’écoute aussi énormément de R’n’b comme Biig Piig et autrement Thomas Headon, ce mec assure !!! »
De la fraîcheur et spontanéité d’un adolescent de 17 ans, Templeman a déjà prouvé qu’il pouvait facilement rivaliser avec les plus grands. Le kid du Bedfordshire, l’étoile montante de la scène musicale britannique, n’a pas fini de faire parler de lui.
Track list Happiness In A Liquid Form :
- Happiness In Liquid Form
- Things I Thought Were Mine
- Maybe This Is Time
- Obvious Guy
- Wish I Was Younger
- My Best Friend ft. Coach Party