Dans les hautes herbes : Dédale mystique

Vincenzo Natali s’est forgé un joli curriculum vitae concernant les réalisations de série. Westworld, Wayward Pines, The Strain ou encore American Gods, le cinéaste a qui l’on doit Cube se remet au long-métrage pour Netflix. Dans les hautes herbes est l’adaptation de « In The Tall Grass », une nouvelle écrite par Stephen King et son fils Joe Hill. 

Un champ aux herbes vertigineuses. Becky (Laysla De Oliveira) et Cal (Avery Whitted), une soeur et un frère traçant la route en direction de San Diego, entendent de curieux cris à travers le vent qui balaye les hautes herbes verdoyantes. Un enfant désespéré comme appât dans un champ de terre mouvante. Un traquenard qui vous englouti sans jamais vous laisser ressortir. Le calme fait place à un enfer herbeux un fois le pied dedans.

Distorsion mystique

Distorsion de la réalité, ou d’une des multiples réalités, Dans les hautes herbes nous emprisonne dans un monde parallèle, funeste et même mystique. L’histoire nous emmène dans un univers cauchemardesque et fantastique à la fois, où les dimensions temporelles n’existent plus, les différentes couches se juxtaposent pour rassembler nos 6 protagonistes dans un même espace-temps. Les règles volent en éclat, Natali s’amuse à nous embourber dans une aventure où les abysses d’un champ recelant d’histoires cryptiques s’offre en tombeau des âmes. Simple psychose ou véritable prison naturelle, le champ des angoisses, aussi anodin que sa légère brise persistante, s’étend à perte de vue, se dresse tel un labyrinthe à l’échappatoire illusoire. La claustrophobie est à son apogée. 

L’entame intéressante, évoluant progressivement dans une sensation oppressante et étrange, s’étiole plus Natali étire son récit, freiné par d’innombrables dialogues sur la rédemption ou encore d’anciennes inscriptions sur l’objet de toutes les convoitises, le catalyseur des angoisses engendrées : un rocher noir. On en dira pas plus à ce propos. Et même si le métrage fait montre de faiblesses notables, Dans les hautes herbes parvient à gommer ses défauts grâce à un final, même si un peu scabreux, s’envolant dans un dénouement où les cris d’inquiétude se transforment en rituel léthifère. Une belle mise en scène pour terminer, les portes des ténèbres pour retrouver une hypothétique échappatoire. 

Des herbes cryptiques comme prison

Les herbes hautes, cette vaste maison hantée à ciel ouvert, avec ses fantômes et son chef d’orchestre. Vincenzo Natali, dans un récit étouffant et même mythologique, développe un film en terrain glissant, parfois assez courageux et maîtrisé, parfois étiré et en mal de tension. Quand bien même, la palette cinématographique de Natali réussit à nous embarquer dans une histoire où rien ne s’arrête, où les entrailles de la Terre s’ouvrent à 6 malheureux.

Casting : Laysla De Oliveira, Avery Whitted, Patrick Wilson, Will Blue Jr. 

Fiche technique : Réalisé par : Vincenzo Natali / Date de sortie : 4 octobre 2019 / Scénario : Vincenzo Natali, Stephen King, Joe Hill / Photographie : Craig Wrobleski / Diffusion : Netflix