Dans la roue de la Movistar : la valse des caractères bien trempés

Netflix continue sa moisson de séries axées sur le sport. Après avoir usé d’un format qui a fait ses preuves dans Pilotes de leur destin, proposant une immersion dans le milieu de la F1, la firme de Los Gatos s’attaque au cyclisme et à l’équipe Movistar.

Difficile de mieux choisir une année pour suivre la Movistar. Avec ses hauts et ses bas, l’équipe espagnole a vécu une saison 2019 faste, avec la victoire de Richard Carapaz sur le Giro et le podium d’Alejandro Valverde sur la Vuelta. Côté coulisses, la cohabitation difficile entre Nairo Quintana et Mikel Landa durant le Tour de France 2019 expose les travers d’une équipe à l’équille fragile. Netflix a visé juste en posant ses valises dans une équipe connue pour ses tactiques hasardeuses et son manager légendaire : Eusebio Unzué.

De Liège-Bastogne-Liège au Tour de France

La Movistar est l’une des grandes écuries cyclistes. En son sein, Alejandro Valverde et son maillot arc-en-ciel de champion du monde, Nairo Quintana et ses victoires sur 2 grands tours – en Italie et en Espagne -, Mikel Landa et son talent indiscutable. Les connaisseurs savent que faire cohabiter plusieurs leaders dans une même équipe amène son lot de grincements de dents. Et c’est exactement ce que va décortiquer cette production dédiée à l’équipe espagnole.

En débutant par une présentation très rapide des coureurs phares, la série place l’objectif sur la star : Alejandro Valverde. Son début de saison 2019 raté, et les nombreuse attentes liées à son statut de champion du monde en titre, l’entraîne dans une spirale négative. En panne de résultat. Interrogé, Valverde explique que l’envie de gagner est moins présente. Les suiveurs savent que l’Ibérique courait depuis plusieurs années derrière ce titre. Un relâchement, une soif de gagne moins prononcée. Son abandon dans la pluie glaciale de Liège-Bastogne-Liège, une course qui lui sied à merveille, prouve bien que « Bala » sent le poids des ans lui peser sur les épaules.

L’arrivée triomphale de Carapaz

Entre fragments de courses et témoignages, José Larraza et Marc Pons s’adressent à un public d’initiés, mais pas seulement. On entre dans un temple du sport, une vision du cyclisme qui plaira à tous par sa gestion et son appréciation d’une équipe sportive à l’approche des grandes échéances. Les différents caractères, la pyramide d’une équipe, ses équipiers dévoués à leurs leaders. L’importance d’une tactique sur le vélo, loin des fameux raccourcis du spectateur lambda pensant que le cyclisme se joue en solitaire. L’importance de cerner le rôle d’un leader et d’un équipier est indirectement étudiée ici grâce aux différents témoignages.

Pour mieux comprendre, l’arrivée de Richard Carapaz sur le devant de la scène, vainqueur surprise du Tour d’Italie 2019, montre les premières frictions dans une équipe où Mikel Landa, le leader désigné, ne donne pas les garanties pour porter haut le chandail de la Movistar. La série passe de Carapaz en pleine euphorie à un Mikel Landa – réputé caractériel – blessé dans son égo. Mais par la force des choses, il accepte de jouer la tactique de l’équipe. Les aléas durant 3 semaines de course.

Si la victoire était au bout en Italie, le refrain est tout autre à l’occasion de la grande messe cycliste annuelle : le Tour de France. Là aussi la cohabitation entre leaders commence à s’écailler. Landa en regain de forme, Quintana en perte de vitesse alors qu’il est désigné leader unique sur le Tour. La vie en groupe va prendre un coup et voir un Nairo Quintana se recroqueviller sur lui-même. Les regards posés par les différents directeurs sportifs, à l’image de Chente Garcia Acosta, font écho aux aveux d’un Eusebio Unzué légèrement désabusé, qui avoue, de lui-même, une tare que plusieurs spécialistes lui reprochent : l’absence de leader clair.

La grande faiblesse d’une équipe Movistar qui se retrouve tiraillée entre divers enjeux : de la victoire d’étape au classement général, l’équipe peine à jouer sur tous les tableaux. Parfois il faut choisir. Et c’est au moment du choix que Dans la roue de l’équipe Movistar – le titre de la série – montre la fragilité du collectif. Pour exemple, ce moment chaud entre Marc Soler lancé pour la gagne sur une étape de la Vuelta et rappelé par son directeur sportif pour accompagner son leader (Nairo Quintana) à la conquête du maillot rouge de leader du classement général.

Dans la roue de l’équipe Movistar est une symphonie de cris de joie et de colère, à coups de pédales mélangés à la souffrance et la sueur de grands champions. L’équipe Movistar à nu qui ravira les aficionados de la petite reine.

Fiche technique : Réalisée par : José Larraza, Marc Pons / Plateforme : Netflix / Format : 6 épisodes – 30 minutes / Date de diffusion : 27 mars 2020