Chronique | À l’instinct : la diversité devient risible avec Mindy Kaling

Pour lancer cette chronique « à l’instinct », un sujet qui me tient à coeur, qui paraissait si beau sur le papier, si bon à défendre : la diversité. Oh oui, ce sujet qui revient sans arrêt sur la table, en devenant même brûlant depuis quelques mois. Car oui, derrière ce mouvement se cache quelque chose qui me rappelle un texte d’Emmanuel Kant, encore tout frais. Dans « Observations sur le sentiment du beau et du sublime », dans la deuxième section, il y a cette phrase qui me saute aux yeux : « l’intelligence est sublime, l’esprit est beau. » Deux mots, intelligence et esprit, qui me font toujours réfléchir : l’intelligence forge l’esprit, ou l’esprit découle de l’intelligence ? Quel est l’élément détonateur dans cette histoire ? Je peine toujours à véritablement cerner la subtilité, mais quelque chose me dit que les deux sont intiment liés. J’espère que vous n’allez pas me contredire. 

En passant par Kant, dont les écrits deviennent une vraie source d’inspiration, la réflexion sur le jugement de valeur d’une oeuvre prend tout son sens dans cette chronique. Mais alors pourquoi évoquer la diversité ? Très simple et vous allez rapidement comprendre pourquoi. En me passant de l’esprit critique, j’ai décidé d’enfiler le costume d’observateur. Oui, j’aime observer les us et coutumes de mes semblables, décortiquer les sujets brûlants ou populaires – je me suis même penché sur le phénomène PNL, c’est dire mon abnégation. Je ne peux passer à côté d’un sujet tel que la diversité dans le cinéma, employé à tout-va, pour en extraire la sève fondamentale et primordiale de notre époque : le politiquement correct. Prenons Late Night de Nisha Ganatra et écrit par Mindy Kaling. Ce film est le parfait exemple contreproductif pour défendre la diversité dans le cinéma. Vulgarisée, exploitée de manière erronée qu’elle en devient ridicule. 

C’est connu, les Américains ne sont pas réputés pour leur retenue 

Quand le cinéma dit hollywoodien, celui qui fait rêver, qui amasse les billets vert, s’approprie le sujet de la diversité, il y a de grandes chances pour que le traitement manque de recul. Dans l’industrie américaine, c’est tout ou rien. Avec tout le respect que je dois à Mindy Kaling qui, j’imagine n’a pas été épargnée par le show-business, – rappelons que le film est inspiré de son expérience de scénariste dans la série The Office -, il y a des subtilités à respecter, à mon humble avis. Défendre une cause, oui, mais parfois la retenue a du bon. Pour replacer l’histoire de Late Night : nous avons affaire à une célèbre présentatrice de « late show » sur le déclin, obligée d’intégrer une femme d’origine indienne dans son équipe d’auteurs, exclusivement masculine et blanche, pour plus de diversité. Bien entendu, le duo va vivre des hauts et des bas avant de faire des étincelles. Un happy-end en guise de bouquet final et tout le monde est content.

Alors que dire de cette fin dégoulinante, où la très chère Molly Patel – interprétée par Mindy Kaling – ordonne à sa cheffe, Katherine Newbury venue la supplier à genoux de la convaincre de réintégrer son équipe, de mettre plus de « couleur » dans ses bureaux, on attendait avec impatience (ou pas) de voir ce que Kaling nous concoctait. Et c’est bien le manque de subtilité qui prédomine, il est même poussé à son paroxysme. Bah oui, il faut montrer qu’on ne met aucun genre de côté à Hollywood, même si nous sommes de gros hypocrites. En traitant le sujet de manière si grotesque, y voir tous les genres mélangés saupoudrés d’une grosse dose de clichés, il y a comme une odeur indigeste qui nous serre le coeur. 

Dès qu’il est question de quota, surtout chez nos chers amis américains, il y a toujours une petite part d’ombre qui plane. En user à bon escient, l’évoquer de manière convaincante, sans sombrer dans le ridicule, on marche sur des oeufs tant il est complexe de trouver le bon équilibre. Côté Late Night, on se fourvoie magistralement. L’idée de voir le miroir de notre société, ou tout du moins un mode de pensée, me fait bondir de mon siège. La diversité mérite mieux, beaucoup mieux que ça. On soupire, arcbouté dans notre fauteuil, à voir un cinéma américain débarquer avec ses gros sabots, qui dessert une cause ô combien importante.