Rosamund Pike est l’une de ces actrices qui avancent dans l’ombre, loin des noms qu’on cite instinctivement. Grosse erreur mes loulous ! Le talent comme carte de visite, la popularité en moins – peut-être qu’on est un peu dur question cote de popularité -, l’actrice anglaise brille sans cesse et n’est peut-être pas reconnue à sa juste valeur par l’intraitable grand public.
Fille d’un chanteur et d’une chanteuse d’opéra, Pike a pas mal bourlingué sur les petits écrans britanniques avant de voir son nom associé à une grosse production : la voilà bombardée comme Miranda Frost dans le James Bond « Meurs un autre jour », et parachutée sur le devant de la scène, pétillante et fraîche comme la rosée du matin. Mais en 2002, personne n’avait encore exploité le potentiel dramatique et piquant de Madame Pike.
Il aura fallu David Fincher
Inutile de faire son curriculum vitae, de revenir sur ses rôles dans « Orgueil et Préjugés » ou « Fracture », en passant par « Barney’s Vision », l’industrie n’avait pas encore sonné la révolte et le talent de Rosamund Pike. Le pompon revient au film « Jack Reacher », où son rôle ne consistait qu’à un pâle soutien pour surélever le cher Tom Cruise, lui le mec qui prenait les bonnes décisions. Alors que celles de Pike s’avéraient fausses ou ne cassaient pas 3 pattes à un canard. Mais faut pas pousser, c’est Tom Cruise à la manoeuvre.
Il faudra attendre un grand monsieur du 7e art pour lui offrir (enfin) un rôle à sa mesure : une performance hallucinante et perverse à nous faire perdre les pédales. Dans « Gone Girl », le potentiel de l’Anglaise a bondi et provoqué des vagues d’éloges. Méfie-toi de l’eau qui dort comme disait l’autre. Qu’elle nous file froid dans le dos, qu’on ne souhaite jamais croiser le chemin d’une femme de la trempe d’Amy Dunne. Et bien pour Pike, l’eau s’est dégelée et a fait naître un tsunami que les observateurs n’avaient pas vu venir – enfin si, peut-être un peu. Elle confirme avec une performance d’une précision ahurissante dans « Hostiles », film mésestimé du tout aussi mésestimé Scott Cooper.
Actrice fortiche
Attirée par les femmes courageuses, disait-elle dans les colonnes de The Independent, jusque-là rien de nouveau, l’actrice a persévéré pour se construire une filmographie intéressante. Fini de faire du soutien, elle occupe l’affiche dans plusieurs films solides tels que « Beirut », « Entebbe » ou encore « A Private War ». Elle décide même de camper la scientifique Marie Curie dans un biopic un peu mou qui ne restera pas dans les annales. Un petit faux-pas, rien de bien méchant.
En 2021, Rosamund Pike retrouve les salles – et nous aussi – avec une performance explosive et calculatrice, comme elle sait si bien l’interpréter. Un comble quand on sait qu’elle partage la vie d’un chercheur en…mathématiques. Dans « I Care a Lot », dans la peau de Marla Grayson, Pike incarne avec une énergie folle une femme sans vergogne, désireuse de se servir de l’argent de retraités fortunés. La formule est atroce, mais Pike démontre qu’elle appartient à cette caste d’actrices fortiches.