Ces séries qui sondent le mieux les réseaux sociaux

Une fois n’est pas coutume, il sera question d’un phénomène de société : les réseaux sociaux. Les Facebook, Instagram, Twitter ou TikTok ont pris une part importante dans nos vies. Si bien que ces canaux sont devenus des facteurs indissociables du… prolongement de l’expérience sérielle : le spectateur en regarde une et n’hésite pas à partager ses frissons ou ses ressentis. Dans cette cour de récré virtuelle ou ce bistrot du coin des temps modernes, les séries ont dorénavant pris une place de choix grâce aux réseaux sociaux. Et les séries ont flairé l’aubaine et n’ont pas hésité à en user, surfant sur cette nouvelle vague populaire. 

En parlant d’un exemple qui en fait sa force principale, l’inévitable « Skam ». Cette série norvégienne calibrée pour et grâce aux réseaux sociaux est devenue un véritable phénomène chez les adolescents, le tout découpé en plusieurs brèves séquences et diffusées en temps réel sur les plateformes sociales. Un vrai renouveau dans la narration, brouillant même la frontière entre la fiction et la réalité – la production a même créé des comptes pour les personnages centraux, alimentant leur propre compte sur Instagram. 

Un nouveau procédé et une narration nouvelle, voilà ce que les réseaux sociaux ont apporté. Mais pas seulement, puisque à présent nombreuses sont les séries traitant des réseaux sociaux. Les techno-critiques fleurissent et naissent une poignée d’excellentes séries. Et la question est la suivante : quelles sont les séries qui décrivent le mieux l’impact (et la toxicité) des réseaux sociaux ? Toujours en pôle position pour ce genre de sujet, Netflix prépare actuellement une série australienne (Clickbait). L’équation de la virtualité (sociale) n’a toujours pas fini de fasciner ou d’irriter. Avec des séries qui sont devenues des parangons du genre, telle que l’excellente « Mr. Robot », les plateformes n’ont pas fini de puiser dans ce domaine. Alors une petite liste s’impose, comme les séries qui immergent le mieux le spectateur dans la grande arène des réseaux sociaux.

Black Mirror (Netflix – Channel 4)

Difficile de ne pas commencer par la plus célèbre. La série anglaise profite d’une telle aura que le qualificatif « black mirrorisation » est venu se greffer à maints textes et articles. Si elle n’utilise pas complètement les réseaux sociaux, nous pouvons assurément dire qu’ils sont une face visible de l’iceberg technologique. L’épisode 1 de la saison 3 en est la parfaite illustration. « Black Mirror » est devenue, surtout grâce à Netflix, un exemple de la techno-critique, influant de nombreux autres projets comme cités plus haut.

Weird City (Youtube)

Nous pourrions aisément en parler comme d’un « Black Mirror » tourné en dérision, loin du ton très grave et profond de la production anglaise. Comique et très extravagante, « Weird City » est développée par Jordan Peele et écrite par Charlie Sanders (« Key and Peele »). Très inégale, certes, mais la série propose d’excellents segments comme celui de « The One« , où nous retrouvons Dylan O’Brien et Ed O’Neill formant un couple inattendu.

Flack (Amazon)

Une femme de l’ombre et manager à la sauce « Ray Donovan ». Dans la peau de l’intraitable et timbrée Robyn, Anna Paquin doit surtout contrôler les réseaux sociaux de ses riches et célèbres poulains. Ses clients sont les cibles chéries des paparazzis et des haters trustant ces déversoirs à haine virtuels. Encore une fois, les réseaux sociaux ne sont pas le sujet principal, mais ils sont bien présents, en toile de fond pour faire tomber des têtes et briser des vies publiques. « Flack » parle d’un contrôle de tous les instants sur des canaux devenus incontrôlables par leur rapidité d’accès et, par une simple touche et avec une facilité déconcertante, publier un contenu controversé.

Gossip Girl (CW)

Alors que le reboot est sur le point de débarquer sur nos écrans, la première bouture de « Gossip Girl » n’était de loin pas dénuée d’intérêt. Oui, la série a pris un coup de vieux. Oui, elle s’adresse à un public jeune. Oui, elle ne traite pas véritablement des réseaux sociaux. Mais entre 2007 et 2012, le blog de « Gossip Girl » et ses ragots de l’Upper East Side en sont les prémices. Une première image des harcèlements et d’un objet dévastateur s’il est utilisé à des fins vengeresses. On pourrait presque parler de la première série s’immergeant dans les débuts des réseaux sociaux.

13 Reasons Why (Netflix)

Apparue en 2017 et devenue un phénomène après sa première saison, « 13 Reasons Why » explique avec une certaine justesse la violence du cyberharcèlement. Une photo « osée » publiée sur les réseaux sociaux et voilà que tout s’emballe : un suicide comme dénouement tragique. Malheureusement, le succès populaire n’a fait qu’empirer la qualité du show, pour l’étirer sur 3 saisons supplémentaires et parfaitement dispensables. Dommage. Mais les cassettes de Hannah Baker nous ont tenus en haleine dans cette première saison rondement menée et déstabilisante de sincérité. 

You (Netflix)

Encore du cyberharcèlement, mais perçu des deux côtés de l’écran. Avec l’obsession de Joe (Penn Badgley) pour Beck (Elizabeth Lail), une aspirante écrivaine, « You » est la série qui s’inspire le mieux de la dangerosité des réseaux sociaux et de ce besoin perpétuel de raconter ses faits et gestes à ses abonnés. La dangerosité de tout étaler sur le web peut vite dégénérer.

Et si la série démontre des faiblesses narratives, cédant à de nombreux raccourcis, elle n’en demeure pas moins intéressante sur l’utilisation des réseaux sociaux à des fins perverses. Sans trop révolutionner le genre, « You » décrit la transparence des jeunes sur la Toile. 

Delete Me (Canal+ – Viaplay)

Une nouvelle série norvégienne qui continue l’exploration à travers différentes techniques narratives innovantes pour traiter de sujets très actuels. On y retrouve de nouveau le cyberharcèlement et le piratage. Des thématiques qui touchent (et fait sombrer) deux adolescentes, Marit et Marion. Ces deux amies vont découvrir la violence du virtuel et des réseaux sociaux, voyant même leur existence respective changer radicalement. 

Prochainement sur Canal+, « Delete Me » sonde les travers des réseaux sociaux grâce à un dispositif narratif qui construit le récit en ordre chronologique inverse. Aussi, sa créatrice Marie Kristiansen offre une vision pointue des jeunes et leur besoin de s’étendre sur les internets. Des actes aux apparences anodines peuvent changer des vies à jamais. « Delete Me » autopsie une jeunesse peut-être inconsciente des dégâts possibles sur le web grâce à une belle maîtrise.