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Cannes 2018 | Climax : bad trip lugubre d’une bande de danseurs
Gaspard Noé est présent à Cannes, mais dans la section de la Quinzaine des Réalisateurs. Et même si Jafar Panahi était le film de la compétition ce matin, une horde de journalistes s’est massée dans la salle du Théâtre de la Croisette. Rien qu’à sa description, Climax intrigue : naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif. Soit. Et ce n’est pas tout. Les premières bribes sont dans le désordre une femme qui se traîne dans la neige en titubant et des slogans comme « à ceux qui nous ont faits et qui ne sont plus là » ou « c’est un film français et fier de l’être ». Suit une longue séquence d’entretiens des nombreux participants à un (semble-t-il) stage de danse, une occasion unique pour percer dans le milieu. On y parle d’appréhensions à propos de l’homosexualité, des conquêtes en soirée ou des concessions possibles pour accéder à la gloire. Passé les interviews, place à la danse, aux déhanchements électriques. En bref, une chorégraphie endiablée sur des morceaux de Daft Punk, Aphex Twin et on en passe. Les dés sont jetés, on suit une troupe de danseurs lancée à vive allure, proposant de furieux pas de danse. Fin… Non, Noé part sur un autre décor, toujours dans une école assez lugubre, genre de studio de danse qui suinte les relents de transpiration, et nous découvrons un balayage de plusieurs conversations entre les protagonistes. Le sexe, la drogue, les amours. Classique.
Ambiance angoissante aux allures de Green Room
Le récit se transcende après plusieurs actes. L’histoire file à vitesse grand V dans une atmosphère angoissante. Tout le monde part en vrille, tout le monde s’accuse de quelque chose. Les dés sont pipés, ça part en cacahuète une bonne fois pour toute. La dizaine de protagonistes s’agglutinent dans la grande bâtisse, digne d’une boîte de nuit berlinoise, où ils se dispersent dans la multitude de pièces, dans les couloirs. La caméra suit, se tortille, elle capte fugitivement des moments, des violences à nous retourner la tête – c’est le cas de le dire. Furieux, le trip devient mental, un vrai voyage angoissant, tendu comme l’était Green Room de Jeremy Saulnier dans un genre différent. Huis clos qui amplifie la sensation, illuminé de néons, Climax dévoile son univers asphyxiant à la manière d’une pièce de théâtre en plusieurs actes.
Des cris, des bruits. Climax sème le chaos. L’expérience est folle, dérangeante, une consommation de drogue excessive que vous digérez à plusieurs niveaux : l’euphorie, la colère et la descente. Un pseudo film d’horreur jouissif. Un jeu pervers et spectaculaire, où le macabre rencontre l’art. C’est barré et plein d’acide !
Casting : Sofia Boutella, Souheila Yacoub, Romain Guillermic, Kiddy Smile, Claude Gajan Maull, Giselle Palmer, Taylor Kastle, Thea Carla Schott, Sharleen Temple, Lea Vlamos, Alaïa Alsafir, Kendall Mugler, Adrien Sissoko, Mamadou Bathily
Fiche technique : Réalisé par : Gaspard Noé / Date de sortie : 19 septembre 2018 / Durée : 95 min / Distributeur suisse : –