Le mois d’octobre et son florilège de productions horrifiques, on les voit venir avec leurs gros sabots. Halloween oblige, les plateformes de streaming ne manquent pas une occasion d’être dans le coup. Le concept est bien rôdé : à chaque fête son film et la célébration des morts ne fait pas exception. Nous avons sélectionné 3 films issus de 3 plateformes différentes histoire de se mettre dans l’ambiance. Chair de poule garantie… ou pas.
Books of blood (Hulu)
Adapté du recueil de 6 livres d’anthologie, « Books Of Blood », écrits par Clive Barker et publiés entre 1984 et 1985, Books of blood le film débute avec ces quelques lignes : « En 1984, les Livres du sang ont été publiés. Ils ont choqué et effrayé des millions de personnes à travers le monde. Ce film ose réouvrir ces pages ». Vous comprendrez vite que l’adaptation cinématographique, elle, agitera moins les foules.
Comme en témoigne la scène d’ouverture d’un cliché exaspérant : en pleine nuit, un homme range des livres dans une bibliothèque sombre. Il entend des bruits. Un inconnu surgit, le menace et lui tranche la gorge. Règlement de comptes. Le malheureux aura juste le temps de dire à son agresseur l’endroit où il peut se procurer un livre valant un million de dollars : The Book of blood, livre énigmatique dont on comprendra plus tard la portée. Le film passe ensuite directement à son premier chapitre, celui de Jenna (Britt Robertson), une jeune femme en proie à des troubles psychiques et fragilisée par un évènement survenu dans son école. La jeune femme décide de fuir le domicile familial lorsqu’elle comprend que sa mère veut la réexpédier dans un centre qui n’a de champêtre que le nom, la Ferme. Durant sa fugue, elle atterrit chez un couple de gentils retraités chez qui elle se sent enfin écoutée. Un peu trop gentil même ce couple de sexuagénaires…
Le deuxième chapitre se concentre sur Miles, le fils d’une brillante professeure (Anna Friel) emporté par la maladie. Inconsolable, la mère fait la connaissance de Simon (Rafi Gavron), un jeune homme prétendant pouvoir entrer en communication avec les défunts et raconter leur histoire. Il lui confesse que son fils a fait appel à lui pour entrer en contact avec elle. Sceptique au départ, elle se laisse convaincre par l’énigmatique Simon pour le meilleur et pour le pire.
Dans le chapitre 3 intitulé Bennett, retour sur l’homme (Yul Vazquez) qui a assassiné le bibliothécaire. À la recherche du fameux livre, il se rend dans un quartier pas très fréquentable, réputé hanté par les habitants de la ville.
Réalisé par Brannon Braga, qui officie également comme scénariste avec Adam Simon, Books of blood raconte ces 3 histoires entremêlées de façon pour le moins bancale. Et dès lors, la question que l’on pourrait se poser est : pourquoi ne pas avoir adapté cette anthologie de livres sous forme de série ? Le format choisi apparaît plus au final comme un fourre-tout dans lequel des récits sans vraies connexions cohabitent et où les liens entre les divers personnages n’ont pas de réelle cohérence. Scénario poussif, tiré par les cheveux par moments, le film souffre de bien d’autres défauts pour un métrage dit d’horreur, le principal étant qu’il ne fait pas peur. La faute à des effets spéciaux à deux francs soixante, un jeu d’acteurs parfois très cahoteux et des maquillages peu crédibles. Les minutes défilent et l’ennui s’installe, une bien pâle adaptation du matériel de base. Bref, un ratage en bonne et due forme sorti le 7 octobre sur Hulu que vous pouvez allègrement zapper.
The Lie (Amazon Prime Video)
The Lie fait partie de la collection « Welcome to the Blumhouse ». 4 films d’horreur diffusés sur Amazon Prime Video en 2020, puis 4 autres attendus en 2021, tous produits par la célèbre firme de Jason Blum, Blumhouse Productions. Devenue carrément une incontournable du genre horrifique, la maison de production américaine a réussi a se forger une solide réputation et a surtout amassé un paquet de dollars en misant sur des films aux budgets serrés mais qui ont rapporté un joli pactole au box-office. Forte des succès de Get out, ou encore The invisible man pour ne citer qu’eux, l’entreprise californienne a signé un partenariat avec Amazon. Le fruit de cette collaboration ? Un pack de 4 films comprenant « Nocturne », « Evil Eyes », « Black Box » et « The Lie », film qui nous intéresse aujourd’hui.
Réalisé et écrit par Veena Sud, ce thriller psychologique, remake du film allemand « Wir Monster » sorti en 2015, se concentre sur Kayla (Joey King) et ses parents divorcés, Rebecca (Mireille Enos) et Jay (Peter Sarsgaard). Kayla et Jay sont en chemin direction le camp de danse de l’adolescente. Sur la route, ils aperçoivent Brittany, l’amie de Kayla, assise à un arrêt de bus. Elle aussi se rend au camp de danse. Jay embarque la gamine dans sa voiture. En chemin, Brittany demande à Jay d’arrêter la voiture, une envie pressante. Au milieu de nulle part, en bordure d’une forêt enneigée, le père s’exécute et laisse partir les deux filles dans les bois. Quelques minutes plus tard, inquiet de ne voir personne revenir, Jay s’enfonce dans la forêt et entend Kayla hurler. Cette dernière est assise sur une balustrade surplombant une rivière, fixant l’eau couler en dessous d’elle. Mais pas de Brittany en vue. Jay panique et presse sa fille de lui raconter ce qui s’est passé. Kayla avoue, elle a poussé sa copine dans les eaux glaciales.
À partir de ce moment, une panoplie de choix s’offre à Jay avec, en toile de fond, l’incessante question : dois-je protéger mon enfant ou dire la vérité ? Car l’intrigue de The lie repose sur cette succession de décisions que les parents de Kayla sont amenés à prendre pour sauver la peau de leur rejetonne. Hantés par la peur de compromettre l’avenir de leur fille, Jay et Rebecca se démènent pour cacher la vile vérité, et ce dans l’unique but de protéger l’ado d’un avenir sombre. Prêt à tout pour la tirer d’affaire, le duo ne recule devant rien, posant indirectement cette question aux téléspectateurs : « Et vous, jusqu’où seriez-vous prêts à aller pour protéger votre enfant ? »
De mauvaises décisions en actions hasardeuses et aberrantes, The lie patauge dans un scénario improbable habité par des personnages pas toujours très futés et envers lesquels on peine à ressentir de l’empathie. À l’image de Kayla, interprétée par Joey King, un gamine gâtée qui n’arrive pas à surmonter la séparation de ses parents. Avec ce rôle, Joey King, qui s’est fait connaître du plus grand nombre grâce à la saga romantique Netflix « The Kissing Booth », redescend d’un étage après sa prestation remarquée dans la série Hulu, « The Act ». Un rôle bien moins passionnant, plus terne et dispensable.
Si vous êtes adeptes des sursauts dans votre canapé, passez votre chemin. The Lie n’est pas un film d’horreur à proprement parler. Exit les jump scares et autres frissons. Là, il est plutôt question de tension latente. Cependant, même si tout n’est pas à jeter, The Lie est globalement un peu trop lent dans son rythme, peu crédible et peine véritablement à convaincre, le twist de fin n’y changera rien.
Hubie Halloween (Netflix)
Adam Sandler est de retour dans un genre de rôle dont il est coutumier et qui fait oublier qu’il est un acteur ayant bien d’autres cordes à son arc. Pour la énième fois, il enfile l’habit du simplet de service.
Oui, Hubie Dubois (Adam Sandler) est un parfait idiot, un loser doublé d’un naïf désespérant, mais d’une gentillesse à toute épreuve. Dans sa ville de Salem dans le Massachusetts, il sillonne les rues à vélo et, grâce à son oeil de lynx, détecte toutes les incivilités et comportements étranges des habitants pour en informer aussitôt le shérif de la ville (Kevin James). Ce dernier, coupe mulet et lunettes de soleil vissées sur le nez, ne supporte pas ce boyscout de Hubie qui s’est donné la mission de garantir la sécurité des habitants de son patelin, surtout lors de la fête de Halloween, soirée pendant laquelle le danger est maximal. Les habitants, eux non plus ne sont pas friands de Hubie et lui font subir humiliations et farces en tout genre. En bref, le pauvre garçon est la risée de la ville. Mais alors que les festivités d’Halloween battent leur plein, Hubie, sur le pied de guerre comme à son habitude, flaire les embrouilles : des disparitions inquiétantes sèment le trouble et Hubie est bien décidé à faire la lumière sur ces crimes. Qui se cache derrière ces délits ?
Réalisé par Steven Brill, et écrit par Adam Sandler et Tim Herlihy, Hubie Halloween, sorti le 7 octobre sur Netflix, est le film wtf de cet automne. Collaborateurs de longue date avec plusieurs projets en commun à leur actif, Steven Brill et Adam Sandler rempilent pour une comédie régressive à souhait dont il n’y a pas grand chose à sauver à part une photographie et mise en scène plutôt réussies et des ambiances rouges orangées plaisantes.
Mais avant toute chose, plantons le décor : Ben Stiller en crétin au défaut de prononciation insupportable, Steve Buscemi en loup-garou, Rob Schneider en serial pisseur, Kevin James et une coupe mulet à faire pâlir les plus fervents défenseurs de cette tendance capillaire et Ray Liotta en vieux relou arborant une perruque arc-en-ciel pour emballer les minettes, vous admettrez que vu d’ici le tableau fait presque envie. Pas de tromperie sur la marchandise pourtant, la bande-annonce pose clairement les jalons d’une comédie pouet pouet où il ne faut rien attendre de plus que des blagues à 2 balles. Ça hurle, ça gesticule et ça part dans tous les sens dans cette comédie d’une connerie monumentale, mais à l’humour primitif complètement assumé. Adam Sandler fait de l’Adam Sandler en gros : de l’humour premier degré, aussi littéral qu’un esclaffement quand ça fait prout. Mais avouons-le, difficile de garder son sérieux devant tant d’absurde. Et même si vous n’êtes pas fan du genre ou d’Adam Sandler, Hubie Halloween aura de quoi divertir un samedi soir de couvre-feu ou un dimanche après-midi faute de « bon » téléfilm sur M6, à condition d’être vraiment très indulgent.