Betty : New York, du skate et des filles au menu de cette nouvelle série HBO

On reprend les mêmes et on recommence. Betty, la nouvelle production HBO est en réalité un spin-off du film Skate Kitchen présenté au Festival de Sundance en 2018 et sorti la même année. Même réalisatrice et mêmes actrices, la série prolonge un univers déjà développé sur grand écran il y a deux ans : une bande de filles cool évoluant dans un microcosme dominé par la gente masculine, le monde du skate.

Elles tracent sur leur planche à travers les avenues bondées de la Grosse Pomme, Janay, Honeybear, Kirt, Indigo et Camille sont des filles comme toutes les autres, en quête de liberté, le skate comme arme de rébellion. Toutes si différentes mais partageant une même passion : la planche à roulettes. Kirt tente d’organiser des « girls sessions » de skate et combat assidument le patriarcat, Honeybear, seins à moitié découverts prend soin de cacher sa vraie personnalité à sa famille, Janay bataille avec l’idée que son meilleur ami n’est peut-être pas celui qu’elle croit, Indigo, issue des beaux quartiers, se mue en dealeuse de rue et Camille apprend à ses dépens que les garçons ne sont pas toujours les plus dignes de confiance. Entre relations amicales et amoureuses, l’union féminine est toujours la meilleure option.

On connaît l’univers du skate masculin. Betty prend le contre-pied en se positionnant du point de vue féminin. Comment les filles se perçoivent-elles et sont-elles perçues dans ce monde codifié et dominé par les hommes ? Point de vue déjà développé dans Skate Kitchen, film indépendant avec Jaden Smith et réalisé par Crystal Moselle, prolongation sérielle du long-métrage, Betty raconte en 6 épisodes les déconvenues de Janay, Honeybear, Kirt, Indigo et Camille, 5 jeunes femmes chacune en prise avec des problèmes sentimentaux et existentiels. L’idée du film, qui a ensuite inspiré la série, est partie d’une rencontre dans le métro new-yorkais entre Moselle et deux skateuses, Rachelle Vinberg et Nina Moran, toutes deux actrices dans le film et la série.

Si les 3 premiers épisodes sont un peu laborieux, peinant à atteindre un rythme agréable à cause d’une structure narrative brouillonne, les 3 derniers gagnent en cadence et parviennent à brosser des portraits de filles aussi différents que complémentaires. Bien qu’inégaux dans leur contenu et rythme, les 6 épisodes de 30 minutes sont traversés par des thématiques on ne peut plus actuelles. L’identité sexuelle, la sororité, la quête de liberté, ou encore les agressions sexuelles, période post-MeToo oblige, sont autant de thèmes abordés faisant écho à cette époque charnière du féminisme contemporain.

Photo copyright : Alison Rosa – HBO

À travers des plans successifs de cette bande de filles exécutant presque des chorégraphies juchées sur leur planche, le film fait la part belle à une esthétique quasi documentaire de la fiction. Crystal Moselle le dit elle-même, elle aime filmer à la façon d’un documentaire afin de donner une impression de proximité avec les protagonistes, comme si l’on vivait avec eux dans ce monde imparfait, et Betty ne fait pas exception. Utilisant la culture du skate, univers souvent considéré comme transgressif et libre, pour planter son décor, la série traite en réalité d’un sujet plus profond : « Le skateboard est la toile de fond pour traiter des relations et des femmes qui se soutiennent les unes les autres », précise la réalisatrice. La planche, prétexte pour raconter les femmes et l’abolition des barrières que ces dernières doivent escalader dans l’accomplissement de leurs rêves et ambitions.

Parmi ces jeunes femmes, on retrouve des actrices amateures, de vraies skateuses new-yorkaises. Dede Lovelace, Kabrina Adams, Nina Moran, Ajani Russell et Rachelle Vinberg ont inspiré Crystal Moselle pour créer un court-métrage d’abord, un long-métrage ensuite, et finalement une série. Toutes interprètent des versions fictives d’elles-mêmes. Amies à l’écran, amies à la ville, elles sont le reflet d’une génération soumise à de nombreux défis mais dont le mot d’ordre est plus que jamais l’union.

La série est à découvrir dès le 1er mai sur HBO et dès le 2 mai en US+24 sur OCS.

Casting : Dede Lovelace, Kabrina Adams, Nina Moran, Ajani Russell, Rachelle Vinberg, Edmund Donovan, Caleb Eberhardt, Katerina Tannenbaum, Alexander Cooper, Mateo D’Amato.

Fiche technique : Réalisé par : Crystal Moselle / Écrit par : Crystal Moselle / Genre : comédie, drame / Format : 6 épisodes – 30 minutes / Chaîne : HBO – OCS en France