Netflix continue de distiller une flopée de séries sur sa plateforme à un rythme effréné. Difficile de s’y retrouver. Profitons de faire un petit « tour de table » pour voir ce qui mérite d’être vu ou non.
CURON
Retour au bercail après le drame, 17 ans après les événements tragiques. Anna Raina revient sur ses traces, fuyant un mariage qui ne fonctionne pas. De retour de Milan avec ses 2 enfants, Daria (Margherita Morchio) et Mauro (Federico Russo), cette mère de famille va rapidement disparaître, laissant ses rejetons dans l’expectative. La raison : une malédiction liée à un clocher,noyée dans les eaux troubles et incertaines d’un lac. Si vous entendez les cloches, préparez-vous à la mort.
Curon peine à lancer les hostilités, s’efforçant d’exposer un contexte adolescent et délaissant le genre fantastique. Il faut bien 3 épisodes pour que la série créée par Ezio Abbate, déjà au four et au moulin dernièrement avec Devils sur OCS, Ivano Fachin, Giovanni Galassi et Tommaso Matano, réussisse à se détacher du « syndrome Netflix » : pécloter autour de la vie de lycéens sans intérêt. Dès que le récit joue cartes sur table et s’attaque à ses enjeux, sa force – le sort maléfique qui règne à Curon -, nous découvrons un nouvel attrait. On pense rapidement à Shining, et plus récemment à Us, de Jordan Peele. Les sillons du récit s’acheminent vers la thématique de la double personnalité. L’angoisse latente fait rapidement surface.
Question casting, Curon peut se montrer satisfaite. Comme en témoigne le personnage de Lukas, solidement porté par Luca Castellano. Et bien que bourrée de faiblesses, souvent statique au milieu des guéguerres adolescentes, Curon se défend et ne sombre pas complètement dans la médiocrité. Pourtant, sous cette couche horrifique, l’histoire ne parvient jamais à épouser les contours du mystère du clocher. On reste extérieur à force de chercher à comprendre pourquoi la malédiction se manifeste et l’impatience peut rapidement prendre le pas. Disons que le résultat reste potable.
REALITY Z
Sao Paulo à feu et à sang, des hordes de zombies et une émission télé populaire qui confine les participants dans un studio de télévision. Le nouveau lieu pour survivre n’est autre que ce plateau de télévision surnommé : l’Olympe, tiré du nom du jeu.
Qu’on se le dise, l’adaptation brésilienne de Dead Set de Charlie Brooker souffre d’une exécution cauchemardesque. Rien que dans sa mise en scène, une caméra tremblante, des plans indigestes pour une immersion sanglante bien terne. On s’attendait à un projet vraiment divertissant, usant pleinement du genre. Las, si Netflix nous avait agréablement surpris avec Black Summer et surtout Kingdom, Reality Z ne peut en dire autant. L’histoire est un vrai foutoir, une succession d’affrontements entre les humains et les zombies, pour enfin passer à un règlement de compte entre « non-infectés ».
Misant sur l’enfermement et l’absurdité d’une télé-réalité transposée à la réalité du chaos, le récit dévie vers nombre de clichés et facilités. Au centre des débats : le confinement d’une vraie brochette de psychopathe. Et la petite sauterie – même si une petite embellie intervient aux alentours de l’épisode 6 – s’enfonce dans une pseudo diatribe sociale sans la moindre nuance ni le moindre doigté. Rodrigo Monte et Claudio Torre ratent le coche, et pas qu’un peu, en nous livrant une marchandise sans charisme, frisant parfois le ridicule.
BLOOD & WATER
Que ce fut laborieux ! Arriver à la fin du premier épisode demande effort et abnégation. Bien que visionnée par des millions de personnes, la série Blood & Water, seconde production sud-africaine de la plateforme, est un vrai naufrage
De nouveau dans cette veine du « syndrome Netflix » – ces multiples « teen drama » désincarnés – la création de Nosipho Dumisa s’intéresse à une thématique complexe : le trafic d’êtres humains. Sur le papier, l’histoir semble intéressante. Mais le problème majeur est avant tout lié à un besoin incompréhensible de coller à des séries telles que Gossip Girl ou Elite. Une pâle copie de séries populaires, prouvant un manque d’originalité désolant.
Car oui, l’intrigue axée sur Puleng, une adolescente transférée dans le même lycée qu’une championne de natation qu’elle suspecte d’être sa soeur enlevée à la naissance il y a 17 ans, possédait pourtant une vraie résonance au départ. Mais une nouvelle fois, l’exécution et l’écriture très aléatoires fusillent une histoire qui atteint rapidement ses limites. Rien que dans le jeu, quelque chose coince : un manque de mordant, de maîtrise et d’urgence.
On sent que Blood & Water se cherche et ne se trouve jamais, courant derrière sa véritable identité. Si l’évocation de Gossip Girl ou Elite est évidente, on pense à un autre mélodrame ado, plus abouti : Euphoria. Mais c’est 2, voire 3 mondes qui séparent les 2 productions. Blood & Water est trop lissée, bien trop banale pour nous emmener avec elle. Si bien qu’on décèle rapidement une léthargie. Voilà pourquoi il est bien difficile d’arriver jusqu’au terme du premier épisode.