Du Netflix et du Apple, voilà un joli trio pour un petit baromètre estival. Place au trafic de cocaïne, à la solitude d’un prof et à l’une des bagarres les plus scandaleuses de la NBA. Ce nouveau baromètre fait la part belle à d’excellents programmes divers et variés. À fond les ballons !
Cocaïne Cowboys : Les rois de Miami (Netflix)
L’histoire de Sal Magluta et Willy Falcon appartient à Miami. Les deux Cubains ont marqué l’apogée du trafic de drogue et surtout la fin d’une époque dorée pour le deal de cocaïne. Deux gamins immigrés qui n’ont même pas fini le lycée, devenus les légendaires « Cocaïne Cowboys », ces barons de la poudre blanche riches à millions. Les rois de la cocaïne en Floride, les véritables Tony Montana. Dans cette série documentaire d’une fluidité folle, dopée par un montage à la cadence délirante, l’histoire de Sal Magluta et Willy Falcon est digne des plus grands scénarios de mafieux du cinéma. Traqués pendant plus de 20 ans par les fédéraux, passant entre les mailles du filet et mettant en exergue les failles béantes du système judiciaire américain corrompu jusqu’à la moelle, les deux « muchachos » ont réussi à créer une affaire si tentaculaire que même la Justice – avec une belle majuscule – a longtemps rongé son frein pour les écrouer.
Des entretiens à foison pour former une narration musclée et rythmée, laissant les nombreux intervenants raconter leurs histoires, leurs sentiments, et surtout le culot de Magluta et Falcon. Billy Corben en tire d’excellentes anecdotes, sculptant la folie des grandeurs, le tout emballé dans une musique cubaine aux rythmiques légères et ensoleillées. Tout est soigneusement mis en place, de cette folle histoire des jurés à l’incroyable mainmise des deux trafiquants sur Miami. Un empire qui se fissure plus les épisodes s’empilent, le souffle des fédéraux toujours plus pressant dans le dos du duo infernal, ces barons de la drogue ne sont pas élevés au rang de simples vendeurs de poudre, mais bien comme des révélateurs d’une ambition et d’un sentiment d’invincibilité plus les poches se remplissent. « Cocaïne Cowboys : Les rois de Miami » est une série documentaire solide, aussi drôle que maligne.
Mr. Corman (Apple TV+)
En démarrant le premier épisode, la première chose qui nous vient à l’esprit : « mon dieu, c’est lent et décevant. » Mais une fois dans la spirale défaitiste de « Mr. Corman », on se laisse bercer. Laissez 3 épisodes à la nouvelle création de Joseph Gordon-Levitt, et votre patience sera récompensée. En bonne partie en tout cas.
Le premier épisode se concentre directement sur ce drôle de bonhomme : Josh Corman (Joseph Gordon-Levitt), un musicien devenu professeur, le cœur lourd après sa séparation avec Megan (Juno Temple). Pour assaisonner tout ça, Josh n’entretient pas une super relation avec sa mère (Debra Winger), sa sœur (Shannon Woodward) et son père (Hugo Weaving). Joyeuse ambiance pour le natif de Los Angeles. Et bien sûr, l’homme est anxieux, souvent pris de panique, voire de délires ; une lutte quotidienne pour, du moins, essayer d’enserrer une joie fuyante.
« Mr. Corman », malgré ses défauts, ouvre les horizons des personnes affectées par l’angoisse. Et parfois, Levitt délaisse son personnage pour faire un pas de côté, optant pour une vision holistique. En témoigne l’épisode 4 exclusivement axé sur son colocataire, Victor (Arturo Castro), proposant une vision extérieure sur Josh. Résultat : un coloc névrosé et transpirant la déception. Ces quelques respirations hors du subconscient détraqué de Josh Corman explorent une crise profonde, de l’intérieur et de l’extérieur. Accepter cette réalité noirâtre de Josh est peut-être l’élément clé pour avancer et goûter pleinement à la série. Et sans pour autant briller, « Mr. Corman » possède des atouts, surfant sur une vague fantastique, chimérique qui mérite un regard sur ce show délicat d’un mec déboussolé.
L’Envers du sport : bagarre générale en NBA (Netflix)
Vous êtes un grand fan de la NBA ? Vous vous rappelez sans doute de cette affiche électrique du 19 novembre 2004 entre les Indiana Pacers et les Detroit Pistons, lorsque Ron Artest disjoncta et sauta dans les gradins pour s’attaquer à un spectateur. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’une rivalité entre les Indiana Pacers et les Detroit Pistons depuis la série (perdue par les Pacers) un peu plus tôt dans l’année.
Outre Artest, Jermaine O’Neal, Stephen Jackson sont pris dans la tourmente, échangent des coups avec des fans de Detroit venus en découdre. Les suspensions tombent et les joueurs en ressortent meurtris. C’est aussi l’histoire d’une ligue (la NBA) qui souhaite absolument éteindre l’incendie que les médias nourrissent à grands renforts de « voyous de la NBA ». L’image (artificielle) si importante outre-Atlantique est un facteur importantissime à défendre, à polir, à soigner. Et les dommages collatéraux seront les joueurs. Avec « L’Envers du sport », premier chapitre d’une mini-série documentaire, Floyd Russ donne la parole aux différents protagonistes. Un épisode de plus d’une heure, où le directeur de la salle (l’Auburn Hills Palace de Detroit), où les spectateurs présents au match de la honte, où les présidents des 2 franchises commentent sans détour les événements. Une vision globale et différente à bien des égards.
Encore une fois, Netflix fait mouche et propose une série documentaire d’excellente qualité. Floyd Russ fournit un sacré travail. Ron Artest évoquant ses problèmes psychiques et ses moments de stress, Stephen Jackson se montrant prêt à tout pour son équipe, Jermaine O’Neal, peut-être le plus affecté, parlant « d’une plaie ouverte dans cette salle », ou encore le sniper à 3 points, Reggie Miller, retraçant une saison où le titre était possible, avec en toile de fond son départ à la retraite : le tableau est parfait. Ces 4 joueurs rythment une histoire qui arpente les coulisses d’une simple bagarre devenue le symbole (erroné) de sportifs présentés comme des gangsters millionnaires. Mais l’intérêt premier, le nœud principal vient de David Stern, soucieux de garder une image saine de la NBA. L’analyse des faits démontre que la ligue prime, quitte à exclure des joueurs pour dorloter ses supporters vulgaires et irrespectueux. Curieux paradoxe : une ligue qui ne défend pas ses joueurs, son fonds de commerce, mais qui préfère sauver les apparences maladroitement, sans approfondir les faits. Une chose est certaine : cette affaire a été gérée de la pire des manières. Tout le contraire de Floyd Russ qui gère à merveille ce premier chapitre.