En travaillant en étroite collaboration avec des historiens, Netflix mise sur une nouvelle série historique pour combler ses abonnés. Un casting germano-italien s’exprimant en latin et dans la langue de Goethe pour retracer les envies de grandeurs romaines, au milieu de barbares prêts à mourir les armes à la main.
La bataille de Teutobourg, en l’an 9 après J-C. Surnommé le « désastre de Varus », l’affrontement est connu pour être l’une des plus grandes défaites de l’armée romaine. Un grand coup de balai de germaniques décidés à protéger leurs terres. Le grand Empire romain méprise ces barbares et les soumet à un régime autoritaire et intraitable. Barbarians dégage 3 destins liés par un pacte pour sonder une guerre stratégique, mais surtout sauvage.
La guerre, tout le temps, les trahisons multiples, le sang. Les tribus germaniques cohabitent avec les romains pour préserver la paix. Mais la rébellion s’amorce quand les impôts et les tributs augmentent, sous l’impulsion de romains se présentant comme des alliés, alors qu’elle asservit les germains. À l’instar de la série Barbarians Rising diffusée en 2016 sur la chaîne History, Barbarians préfère s’attaquer aux origines de la bataille de Teutobourg, avant de verser dans la brutalité. Au milieu, 3 personnages centraux : Arminius (la révélation Laurence Rupp), Thusnelda (la charismatique Jeanne Goursaud) et Folkwin Wolfspeer (le forçat David Schütter). Un triangle s’effondrant derrière une phrase de Jules César : « J’aime la trahison, mais je hais les traîtres. » Fierté et héritage. Barbarians est irriguée par une vitalité impérieuse, une voracité au milieu de manoeuvres traîtresses.
Dans un genre sériel digne de Vikings, en attendant le spin-off Valhalla – en bien moins excentrique et fantasmagorique -, les 3 créateurs Martin Scharf, Arne Nolting et Andreas Heckmann collent au plus près d’humains trahis, immergeant le spectateur dans une guerre qui sème larmes et furie. Sous le casque et les boucliers, la lutte fait rage : il pleut des lances et des cadavres. Une percée physique qui en impose, où le corps est un véritable instrument de guerre pour sauver l’honneur et défendre son territoire. Efficace et sanglant, la mise en scène démoule de nombreuses séquences bien fichues, soignant le trait pour purifier une tension et de multiples conflits entre les différents clans. Barbarians est une ode sauvage, où les coups d’épée sont donnés sans le moindre sentiment. Des guerriers froids et glaciaux, rien ne laisse place à l’émotion. Les quelques pleurs sont vites ravalés pour être remplacés par la sauvagerie du champ de bataille.
En adaptant ce fait historique, la série brasse faits historiques et spectacle rondement mené. Et si quelques limites peuvent se faire sentir dans le script, parfois quelques longueurs sont à déplorer, les 2 derniers épisodes sont épiques. Nos pupilles pétillent face aux destins de 3 protagonistes déployant stratagèmes et courage, avant de laisser un brin d’émotion apparaître à force de guerroyer – comme l’importance des racines et de l’héritage. Aucun détour entrepris par les 3 créateurs, la mécanique est uniquement axée sur le rapport de 2 puissances : Rome et la Germanie. Une guerre sans merci, sans fioritures, dessinant la grande Rome à l’agonie.
Casting : Laurence Rupp, Jeanne Goursaud, David Schütter, Urs Rechn, Bernhard Schütz
Fiche technique : Créée par : Martin Scharf, Arne Nolting, Andreas Heckmann / Date de sortie : 23 octobre 2020 / Plateforme : Netflix / Format : 6 épisodes – 50 minutes