Armando Iannucci s’est taillé une belle part du gâteau avec sa satire politique, Veep. Cette fois-ci, la satire sort de notre atmosphère pour virevolter dans l’espace, avec sa nouvelle série intitulée Avenue 5.
Une comédie de science fiction dans une luxueuse croisière tournant autour de Saturne, aux alentours de 2060. Voyez les clichés d’une croisièe lambda vous sauter aux yeux, avec les retraités en chemises hawaïennes, se baladant entre les différents bars et activités du complexe. Bingo! Un panel de portraits, des ambiances futuristes, des panoramas donnant sur les abîmes spatiaux et les planètes environnantes ; Avenue 5 trace son chemin à travers le système solaire jusqu’à un petit pépin : le paquebot spatial va connaître une déviation de trajectoire et prolonger le séjour. L’équipage essuie des critiques virulentes et tente de garder le calme à bord. Même au poste de commandement, sur Terre, le contrôle semble être difficile à retrouver.
Le fringant capitaine, Ryan Clark, interprété par l’âme du show Hugh Laurie, se faufile au milieu des critiques et des galimatias incessants pour prôner le calme. Premier portrait mémorable brossé par Iannucci. Difficile de tout gérer pour Clark, surtout quand le propriétaire de l’engin, Hermann Judd (Josh Gad), bavard et même délicieusement insupportable, rappelant Elon Musk, complique les choses à force de fourrer son nez partout.
Directeur de croisière à la dérive, Capitaine Clark se bat pour maintenir le cap, pour construire une histoire avec ses fulgurances hilarantes, mais également sa lente mise en action. Il faudra se farcir 2 épisodes un peu brinquebalants pour que les 3 et 4ème épisodes s’émancipent d’une entrée en matière boiteuse. Grâce aux blagues récurrentes – ces fameuses vidéos qui défilent en arrière-plan – où Ryan Clark demande si vous aimez les pancakes ou les bières, une fraîcheur humoristique couplée à une panique générale bien loufoque commencent à créer un groove, une mélodie décalée. Des passagers un peu bêtes, des couples en thérapie continuelle ; de ce foisonnement se dégage l’autre personnage fort du show : Karen Kelly (Rebecca Front), une passagère bien curieuse et envahissante – son apport est primordial pour le récit.
Avenue 5 déploie de nombreux personnages, inégaux, mais plutôt bien écrits pour hisser la série toujours plus haut. Armando Iannucci, avec cette plume drôle et sombre, propose quelques moments intelligents, portant plus haut les ambitions du show. Si bien que Ryan Clark ressemble dans une certaine mesure à Selina Meyer, le personnage de Julia Louis-Dreyfus dans Veep, ces individus à « 2 visages ».
Une chose est sûre, Avenue 5 n’a pas la même folie que Veep, certes, pourtant la percée intersidérale possède un sens de l’humour assez aiguisé pour nous garder attentifs – tout comme ces secrets bien gardés. Bien que pantouflarde dans ses 2 premiers épisodes, la série construit son intrigue à l’image du vaisseau : vaste et… en surchauffe humoristique. La série s’améliore au fur et à mesure et l’épisode 3, plus direct, apporte son lot de surprises…
La série est diffusée dès le 20 janvier en US+24 sur OCS.
Casting : Hugh Laurie, Josh Gad, Rebecca Front, Suzy Nakamura, Zach Woods
Fiche technique : Créée par : Armando Iannucci / Chaîne : HBO / Format : 30 min – 8 épisodes / Date de diffusion : 19 janvier 2020