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Alita : Battle Angel : à la recherche d’un passé de guerrière
James Cameron sue sang et eau à la confection de son prochain Avatar. Mais au milieu de son entreprise pharaonique, il trouve le temps de porter un projet qui le fascine depuis 2003 : Alita. Pour l’épauler, Robert Rodriguez est propulsé derrière la caméra. Cameron n’a pas le temps. Cela fait 5 ans, et Sin City, que le Texan avait disparu des radars. Un blockbuster qui adapte un célèbre manga, celui de Gunnm. Neuf tomes, alors que le film synthétise et congestionne environ 5 tomes en 2 heures.
Photo copyright : Twentieth Century Fox / Tous droits réservés
Le désastre vécu par Ghost in the Shell rôdait. La portée philosophique aucunement explorée et, hormis quelques bijoux visuels, le résultat était déplorable. Alita en prenait le chemin rien que par sa séquence d’ouverture ô combien laide. Un survol d’Iron City qui fait mal aux yeux. Lancement catastrophique et mise en place des personnages. Ido découvre un cyborg abandonné dans une décharge et se décide à la rafistoler, en souvenir de sa fille.
L’innocence face à l’hostilité
Une jeune fille abandonnée à son sort. Alita (Rose Salazar) reprend vie grâce au docteur Ido (Christoph Waltz). Innocente et en plein apprentissage des us et coutumes d’Iron City, Alita est une proie facile en apparence. Les yeux plus gros que la moyenne – clin d’oeil à Margaret Keane ? -, Alita est une espèce à part. À la recherche de ses origines, elle expérimente la vie à Iron City, avec des rencontres et un jeu nommé le Motorball, un genre de course-poursuite croisée avec du basket, où les participants sont montés sur des rollers motorisés. Le sport ultra populaire. Le passe-temps favori des habitants d’une ville qui, 300 ans après l’Effondrement, cherchent à accéder au Saint Graal : Zalem, cette station, cette dernière ville céleste qui trône au-dessus de leur tête. Il paraît que tout est plus beau là-haut. Le paradis en quelque sorte.
Photo copyright : Twentieth Century Fox / Tous droits réservés
Le coeur d’Alita renferme de nombreux secrets et ses souvenirs passés. Dans un décor post-apocalyptique, les cyborgs et les humains vivent en harmonie, et les « guerriers-chasseurs », sorte de chasseurs de prime justiciers, sont la racaille d’Iron City. Tout semble rouler pour Alita, elle trouve même l’amour. Premier véritable souci d’écriture : une romance inintéressante et un amoureux, Hugo (Keean Johnson) aussi charismatique qu’une boîte de conserve recyclable. Une grosse erreur de casting, tout comme une direction d’acteur légèrement défaillante. Mahershala Ali est sous-utilisé, Jennifer Connelly est fantomatique et Christoph Waltz reste en retrait. Rosa Salazar s’en sort, sous ses jolis traits numériques et sa performance capture.
Réappropriation du manga
Dans un flux d’effets spéciaux soignés, l’articulation du métrage, entre l’innocence presque enfantine et le tempérament de guerrière d’Alita, amène une évocation intéressante de l’adolescence. Alita se retrouve dans un corps de femme (son costume de guerrière) et animée par une âme d’enfant. Une sorte de zone grise entre l’enfance et l’âge adulte. Cameron et Rodriguez tentent de synthétiser plusieurs tomes pour rendre un produit divertissant en l’espace de 2 heures. Le pari était risqué, voire même audacieux, et même si dans sa finalité l’expérience n’est pas incroyable, Alita : Battle Angel court après un passé et un destin hors-norme. Une écriture naïve et des enjeux englués dans une mise en scène inégale, l’univers et ses quelques séquences « matrixienne » sauvent le métrage du naufrage annoncé.
L’autre hic demeure dans la réappropriation du manga original. L’histoire prend des libertés pour développer, par exemple, la romance entre Alita et Hugo. Les plus avertis s’apercevront que Rodriguez, Cameron et Kalogridis ont créé une version hybride de l’oeuvre de Yukito Kishiro. Alita : Battle Angel, tout comme son scénario, mixe plusieurs sentiments, entre positif et négatif, pour délivrer un film qui reste un divertissement correct.
Casting : Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Ed Skrein, Keean Johnson
Fiche technique : Réalisé par : Robert Rodriguez / Date de sortie : 13 février 2019 / Durée : 120 min / Scénario : Robert Rodriguez, James Cameron, Laeta Kalogridis / Photographie : Bill Pope / Musique : Junkie XL / Distributeur suisse : Fox-Warner